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FactuelPrès de la frontière indienne, dans l’ouest du pays, les combattants de cette ethnie à majorité chrétienne résistent à l’armée de la junte.
Le reportage du photographe Salai Lian – son nom a été changé à sa demande – que Le Monde publie est, à plusieurs titres, exceptionnel : il témoigne d’abord de l’état avancé de la rébellion de l’ethnie chin qui résiste, dans l’ouest de la Birmanie, aux soldats de la junte militaire au pouvoir depuis le coup d’Etat du 1er février 2021. Certaines zones de l’« Etat Chin » (l’un des sept Etats des ethnies minoritaires du pays), où s’est rendu clandestinement le reporter, apparaissent quasiment « libérées » du joug birman, dont le contrôle exercé, sur place, se réduit à la présence de quelques casernes de l’armée et de la police.
Le travail de Salai Lian montre aussi que la stratégie de guérilla classique pratiquée par les rebelles contre un adversaire mieux armé et entraîné est en train de porter ses fruits : soutenus par une population presque toute entière gagnée à leur cause, tant la répression du régime est violente, les combattants chin tiennent la dragée haute aux soldats de la Tatmadaw, les forces armées du « Myanmar » – nom officiel de la Birmanie. « Question armement, on ne fait pas le poids contre nos ennemis », concède Mai Zacer Mawi. Cette jeune femme experte en arts martiaux, qui témoigne sous pseudonyme, entraîne aujourd’hui de jeunes recrues au combat de jungle : « Nous connaissons le terrain mieux que les soldats birmans et on peut plus facilement les faire tomber dans une embuscade. Parce que nous avons le courage et la détermination, nous sommes, d’une certaine façon, plus forts qu’eux. »
Des villageois transportent des fusils de fabrication chin à l’arrière de leur moto dans le canton de Falam, dans l’Etat de Chin, en Birmanie, le 28 novembre 2021. Les fusils sont prêtés par des chasseurs locaux pour l’entraînement et le combat. SALAI LIAN Lire aussi Article réservé à nos abonnés Massacre en Birmanie : « J’ai vu des cadavres brûlés, des habits de femmes et d’enfants »
Le combat des Chin, qui peuplent une région reculée et pauvre des montagnes de l’Ouest birman, près de la frontière indienne, s’ajoute à celui d’autres minorités ethniques, ces dernières représentant 30 % de la population : les guérillas des Karen et des Karenni de l’Est, des Kachin du Nord, des Kokang du Nord-Est et des Ta’ang de l’Est fragilisent le régime depuis que le chef de l’armée, le général Min Aung Hlaing, s’est décidé à fomenter un putsch aux funestes conséquences. La Birmanie est aujourd’hui un pays économiquement à genoux, un Etat « failli » dont les maîtres sont haïs par l’écrasante majorité de la population.
Armée impitoyable
Le combat est cependant loin d’être gagné, tant pour ces combattants des minorités que pour ceux, parmi les Birmans « bamar » (l’ethnie principale), qui se sont soulevés contre les soudards d’une armée aussi puissante qu’impitoyable à l’égard des populations civiles. Ces dernières paient le prix fort de leur soutien aux rebelles : dans l’Etat Chin, plusieurs centaines de maisons de Thantlang, une ville importante proche de l’Inde qu’a visité le photographe, ont été incendiées par l’armée birmane après les attaques répétées des rebelles contre ses troupes.
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