Dans les trois unités du Centre hospitalier universitaire (CHU) UCL Namur, on redoute la tempête Omicron qui menace mais, pas plus qu’ailleurs en Belgique, on n’ose dire qu’elle aurait été précédée d’une phase de « calme ». « Depuis des semaines, ou des mois en fait, on a le sentiment de se préparer tous les jours au pire », glisse une infirmière du site de Mont-Godinne, grosse bâtisse rectangulaire qui semble avoir été posée au milieu des champs, à une vingtaine de kilomètres de la ville wallonne.
Le docteur Luc Mathy, directeur médical du CHU, acquiesce : « Nous en sommes à vingt et un mois de pandémie et une situation basée sur un plan d’urgence hospitalier (PHU) mis sur pied, en principe, pour des événements de courte durée et qui donne une priorité absolue aux patients atteints du Covid. »
Le médecin pose donc une question, encore taboue : faut-il maintenir cette priorité alors que la grande majorité des personnes malades hospitalisées ne sont pas vaccinées et qu’elles mobilisent des moyens matériels et humains qui ne peuvent plus être affectés aux soins courants mais nécessaires – voire indispensables – d’autres patients ?
Le docteur Mathy est prudent car il mesure bien l’importance du débat qu’il a lancé avec ses collègues Benoît Rondelet, directeur médical de Mont-Godinne, et Sandrine Monseur, de Dinant, deux autres sites du centre hospitalier. Début décembre, ces trois spécialistes ont signé une lettre ouverte aux autorités politiques et médicales. Ils soulignaient le danger du report de nombreuses interventions nécessitant des soins intensifs, évoquaient leur grave préoccupation quant à l’état de leurs personnels et, surtout, en appelaient à un « débat éthique ».
Crise de main-d’œuvre
A ce stade, aucune réponse officielle n’est venue. Déjà confrontés à de nombreuses critiques sur l’état d’impréparation du pays, les économies réalisées dans le domaine hospitalier au cours des dernières années ou des discussions sans fin sur la vaccination obligatoire, les neuf ministres de la santé (au niveau fédéral, régional et des communautés) ne veulent pas trancher. Ils s’en tiennent à des circulaires indiquant, sans plus de précision, que tous les soins « urgents et nécessaires » doivent être délivrés.
A la fin novembre, un comité consultatif coordonné par le ministère fédéral de la santé demandait aux hôpitaux de reporter de deux semaines tous les traitements « non urgents », et de réserver 60 % des lits en soins intensifs pour les patients atteints du Covid-19. « Cela revient quasiment à leur réserver l’ensemble des lits disponibles », objectait dans La Libre Belgique, le 3 décembre, Jean-Michel Hougardy, directeur médical de l’hôpital universitaire Erasme, à Bruxelles.
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