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En Inde, les violences contre les chrétiens se multiplient

Des chrétiens célèbrent la messe de Noël dans une église de Chennai (Inde), le 25 décembre 2021. ARUN SANKAR / AFP

A 5 h 45 du matin, jeudi 23 décembre, le père Joseph Anthony Daniel a été réveillé par un coup de téléphone. L’église Saint-Joseph de la paroisse de Soosaipalya, dans le Karnataka (sud de l’Inde), vieille de 152 ans, avait été vandalisée dans la nuit. « La statue de saint Antoine et celle du petit Jésus qu’il tenait dans ses bras ont été décapitées par un jet de pierre », décrit le prêtre, qui s’est immédiatement rendu au poste de police pour porter plainte. « Tout le village est sous le choc. Nous sommes une paisible paroisse catholique de 78 familles, je ne comprends pas les motivations des vandales, à la veille de Noël », s’étonne-t-il.

Cette attaque s’inscrit dans une vague de violences à l’encontre de la minorité chrétienne en Inde. Au cours des dix premiers mois de l’année, plus de 300 attaques contre des chrétiens et leurs lieux de culte ont été perpétrées par des extrémistes hindous à travers le pays, selon un décompte de plusieurs organisations de défense des droits humains.

Entre janvier et novembre, rien que dans le Karnataka, trente-neuf incidents visant des chrétiens ont été recensés par le People’s Union for Civil Liberties (PUCL), une organisation non gouvernementale. Dans son rapport, publié le 14 décembre et intitulé « Criminaliser la pratique de la foi », PUCL souligne que les auteurs de toutes ces attaques sont membres d’organisations extrémistes hindoues, tel que le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), organisation paramilitaire et matrice idéologique du Bharatiya Janata Party (BJP), le parti du premier ministre Narendra Modi.

« Les conversions sont devenues un crime »

Dans le Karnataka, cette recrudescence des violences contre les chrétiens se déroule sur fond d’accusations de conversions forcées. Le BJP, au pouvoir dans cet Etat, affirme que les conversions au christianisme y sont rampantes et les autorités locales y ont même ordonné, fin octobre, un recensement de toutes les églises et des prêtres qui y officient. Le chef de l’exécutif, Basavaraj Bommai, n’a pas hésité à parler de lente « invasion religieuse ». « L’idée de conversions de masse relève du mythe ; d’ailleurs, le pourcentage de chrétiens dans la population indienne ne cesse de diminuer », souligne Peter Machado, archevêque de Bangalore, la capitale du Karnataka, où les chrétiens représentent moins de 2 % de la population. A l’échelle nationale, ils ne sont que 2,3 %, dans une Inde à 80 % hindoue.

Le jour où l’église Saint-Joseph de Soosaipalya a été vandalisée, le Karnataka adoptait une loi anti-conversion controversée. Cette dernière impose des restrictions drastiques aux conversions et aux mariages interreligieux. Les sanctions prévues peuvent aller jusqu’à dix ans de prison. « Les conversions sont devenues un crime, c’est une atteinte à la liberté religieuse mais aussi au droit à la vie privée », regrette Peter Machado. La communauté chrétienne craint également que cette loi galvanise les milices autoproclamées et favorise de nouvelles violences.

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