L’activité du secteur privé a enregistré une sévère rechute en janvier au Royaume-Uni en raison du confinement strict mis en place face à la pandémie, alimentant les craintes d’une double récession.
L’indice PMI « flash », soit une première estimation pour le mois en cours, a dégringolé à 40,6 points, contre 50,4 points en décembre, annonce vendredi le cabinet Markit.
Un indice sous 50 indique une contraction de l’activité. Cette dernière progresse quand il est au-dessus de ce seuil.
Il s’agit d’un plus bas depuis huit mois, soit le mois de mai, qui montre que le confinement de janvier a un impact comme attendu plus fort que celui, moins strict, de novembre.
Ce brusque recul du PMI s’explique par une dégringolade dans les services, compte tenu de la fermeture de nombreux commerces. En revanche, le PMI est au-dessus de 50 dans l’industrie, puisque les usines ne sont pas à l’arrêt.
« L’économie britannique est en passe de se contracter fortement au premier trimestre de 2021, ce qui signifie qu’une double récession est en vue », souligne Chris Williamson, économiste chez IHS Markit.
Cette nouvelle récession, compte tenu d’une fin d’année morose et de ce début 2021 difficile, interviendrait après celle du printemps et le rebond de l’été.
M. Williamson remarque toutefois que la baisse d’activité « est beaucoup moins marquée que lors du premier confinement ». Et selon lui « les entreprises sont davantage optimistes sur les perspectives principalement grâce au progrès dans le dépoiement des vaccins ».
Un peu plus tôt vendredi, le Bureau national des statistiques (ONS) avait publié plusieurs chiffres confirmant la morosité de l’économie en fin d’année 2020.
Les ventes au détail au Royaume-Uni ont légèrement progressé de 0,3% en décembre sur un mois, après une chute en novembre avec le confinement. En décembre, où des commerces ont pu rouvrir quelque temps, la consommation est restée faible, même si l’habillement a enregistré un fort rebond.
Au total, les ventes au détail ont reculé de 1,9% sur l’ensemble de 2020, la plus forte baisse jamais enregistrée, en raison des restrictions liées à la pandémie.
Par ailleurs, le déficit public a été de 34,1 milliards de livres en décembre, toujours alimenté par le coût des mesures gouvernementales pour amortir le choc de la crise sanitaire.
Il grimpe depuis le début de l’exercice budgétaire en avril, et atteint 270,8 milliards de livres, soit 212,7 milliards de plus qu’un an auparavant au cours de la même période de neuf mois. C’est le chiffre le plus élevé depuis le début de la collecte de ces données en 1993.
La dette publique s’élevait quant à elle à 2.131,7 milliards de livres, un plus haut, soit 99,4% du produit intérieur brut (PIB).
« Les chiffres des ventes au détail et des finances publiques pour décembre confirment que ça n’a pas été un très joyeux Noël pour les commerçants et que le gouvernement a continué à payer la facture de la pandémie », résume Paul Dales, économiste chez Capital Economics.
Pour M. Dales, les données économiques « montrent combien l’économie a encore besoin du soutien financier du gouvernement ». « Le Chancelier devrait faire en sorte que cela soit la priorité pour son budget du 3 mars plutôt que de réduire le déficit en augmentant les taxes ».
Selon la presse britannique, le ministre des Finances, ou Chancelier de l’Echiquier, Rishi Sunak, cherche les moyens de commencer à réduire le déficit public et réfléchit à taxer davantage les entreprises.
« Comme j’ai dit précédemment, une fois que notre économie commencera à se reprendre, nous devrons veiller à ce que les finances publiques suivent un chemin plus soutenable », a déclaré M. Sunak vendredi en réaction aux chiffres du déficit.
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