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L’économie américaine scrute Omicron et retient son souffle à la veille de Noël

Les consommateurs américains avaient largement avancé leurs achats de Noël par crainte des pénuries, le pic des dépenses ayant été enregistré en octobre, et la première économie du monde est désormais menacée par Omicron d’un côté, par l’inflation de l’autre.

Les dépenses des consommateurs américains ont ainsi ralenti en novembre, enregistrant une hausse de 0,6%, réduite de moitié par rapport à celle d’octobre, selon les données du département du Commerce publiées jeudi.

« Les consommateurs ont dépensé avec moins d’enthousiasme en novembre, car ils ont déplacé leurs achats des fêtes plus tôt dans la saison et ont continué à faire face à l’escalade des prix et à la disponibilité réduite des produits », a commenté Lydia Boussour, économiste pour Oxford Economics.

Les difficultés mondiales d’approvisionnement avaient fait craindre que la hotte du Père Noël ne soit pas remplie. Mais les problèmes logistiques, et notamment la congestion dans les ports, se sont atténués ces dernières semaines, selon la Maison Blanche.

« Les marchandises sont transportées, les cadeaux sont livrés et les rayons ne sont pas vides », avait salué mercredi Joe Biden.

– Rebond de la confiance des consommateurs –

Et c’est désormais l’inflation qui inquiète.

Ainsi, les revenus des Américains ont un peu augmenté (+0,4%) en novembre, mais ce gain a été effacé par l’inflation, faisant reculer (-0,2%) les revenus et le pouvoir d’achat pour le quatrième mois d’affilée.

L’inflation aux Etats-Unis (AFP/Archives – Erin CONROY)

La hausse des prix sur un an, en effet, est au plus haut depuis 1982, avec une inflation annuelle en novembre de 6,8% selon l’indice CPI, et de 5,7% selon l’indice PCE, à cause, notamment, des prix de l’énergie, qui sont supérieurs de 34% à ceux de l’an passé.

L’opposition reproche à l’administration Biden une politique inflationniste, et fustige le gigantesque plan de réformes environnementales et sociales du président, comprenant 1.750 milliards de dollars d’investissement sur 10 ans.

Joe Manchin, un sénateur démocrate dont le vote est indispensable à l’adoption de ce plan, a posé son veto dimanche, disant craindre que ces dépenses ne fassent qu’alimenter l’inflation. Joe Biden espère cependant toujours pouvoir sauver son plan.

Cela n’a toutefois pas entamé la confiance des consommateurs, qui a même rebondi en décembre, selon l’estimation finale de l’enquête de l’Université du Michigan publiée jeudi.

Le moral est bon notamment parmi les ménages situés dans le tiers inférieur de l’échelle des revenus, qui s’attendent à voir leurs salaires grimper dans les mois à venir.

La pénurie de main d’oeuvre qui touche les emplois les moins bien payés, dans la restauration ou la logistique par exemple, pousse en effet les employeurs à proposer de meilleurs salaires pour attirer les candidats.

Les inscriptions hebdomadaires au chômage sont ainsi restées inchangées aux Etats-Unis la semaine passée, à un niveau toujours très bas.

– Omicron pourrait aggraver l’inflation –

« Tout, des dépenses de consommation aux ventes de logements et aux investissements, était solide en novembre avant l’arrivée du variant Omicron », soulignent Diane Swonk et Yelena Maleyev, économistes pour Grant Thornton.

Un panneau rappelant l’obligation de porter un masque de protection à l’entrée d’une boutique d’un centre commercial, le 20 décembre 2021 à Santa Anita, en Californie (AFP – Frederic J. BROWN)

Les commandes de biens durables, c’est-à-dire ceux utilisés pendant trois ans ou plus comme les voitures, les appareils électroménagers ou électroniques, ont elles progressé plus que prévu en novembre (+2,5%), grâce notamment aux commandes d’avions et de matériels de transport.

Quant aux maisons neuves, leurs ventes ont grimpé en novembre, mais après un mois d’octobre revu en très forte baisse, et leurs prix continuent de monter, selon les chiffres du département du Commerce publiés jeudi.

Partout dans le pays, des évènements sont annulés, les restaurants voient les réservations chuter, les contaminations perturbent le fonctionnement des entreprises, et la situation devrait encore se dégrader.

Les deux économistes de Grant Thornton prévoient ainsi un mois de janvier difficile pour l’économie américaine.

Et cela pourrait contribuer à faire encore flamber les prix, ajoutent-elles: « le consensus parmi les membres de la Fed (la banque centrale américaine, NDLR) est que les variants perturbent plus les chaînes d’approvisionnement, y compris la main-d’oeuvre, que la demande et sont, par conséquent, plus inflationnistes ».

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