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« La caravane protège, sans elle, tu n’avances pas » : une nouvelle caravane de migrants s’installe à Mexico

Par Marcelo Gaddi

Publié aujourd’hui à 16h00

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ReportageQuelque 340 exilés va passer les fêtes de Noël dans un refuge improvisé dans la capitale mexicaine. Ils espèrent être régularisés pour continuer leur route vers les Etats-Unis en sécurité, mais les autorités sont débordées par l’afflux de réfugiés.

Son cahier d’écolier, il le transporte partout dans le camp de réfugiés, zigzagant entre les matelas en mousse. Avec son stylo, Israël Lazo, 31 ans, relate son périple, qui l’a mené du Honduras, son pays natal, jusqu’ici, à Mexico. Il raconte l’attente, la faim, les nuits froides dans les montagnes du Mexique ; la peur de tomber sur un groupe criminel, aussi.

« La caravane, elle permet de se protéger. Sans elle, tu n’avances pas et, en groupe, on est moins vulnérables. Surtout, la police n’a pas le droit de nous arrêter », explique-t-il. Il retranscrit les violences policières, médite sur les incohérences de la politique migratoire du gouvernement et la difficulté d’obtenir des papiers. Parfois, il note juste les idées qui lui passent par la tête.

Israël Lazo, Hondurien, est dans un camp pour migrants à Mexico, le 18 décembre 2021. Il écrit un livre sur son expérience. LISETTE POOLE POUR « LE MONDE »

Casquette américaine violette visée sur le crâne, fin comme une guêpe sous sa chemise à carreaux, Israël fait partie de cette nouvelle caravane de 340 personnes arrivée dans la capitale mexicaine le 12 décembre. Des Honduriens, des Guatémaltèques, des Salvadoriens… Il y a aussi des Haïtiens, de ceux qui ont fui leur île il y a longtemps et qui vivaient au Brésil ou au Chili il y a encore quelques mois.

A deux rues de la basilique Notre-Dame-de-Guadalupe, où ils ont prié la Vierge de leur venir en aide, ils ont pu s’établir sur des installations municipales : un terrain multisport bitumé, recouvert d’un chapiteau blanc sous lequel reposent une centaine de matelas et des tentes. Non loin, un filet d’eau savonneuse parcourt le goudron pour finir sa course dans un caniveau ; à la source, trois citernes pour se laver le corps et les vêtements.

Une vague migratoire sans précédent

Le Mexique vit une année charnière : pour la première fois, le pays va traiter plus de demandes d’asile que les Etats-Unis. En 2021, 123 187 personnes en ont fait la demande contre 70 341 en 2019, selon la Commission nationale d’aide aux personnes réfugiées (Comar). Les autorités, elles, ont arrêté 230 000 personnes sans papiers cette année. « Le Mexique est sous pression sur ses deux frontières, sud et nord : d’un côté, les migrants qui passent par l’Amérique centrale, de l’autre ceux qui sont expulsés des Etats-Unis et renvoyés ici », constate Sibylla Brodzinsky, porte-parole de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) au Mexique.

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« On ne sait pas quand on va repartir », soupire Jimy Castin, un Haïtien de 31 ans. Avec sa femme, Fara, et sa fille, Esther, ils ont quitté le sud du Brésil, où ils vivaient depuis sept ans et où la petite est née, il y a quelques mois. « A Tapachula, la ville frontière avec le Guatemala, l’attente pour être régularisé a été longue. On m’a seulement donné une carte “visiteur” qui me permet d’être ici en légalité, mais pas de travailler ni d’inscrire notre fille à l’école. » Les Haïtiens sont la deuxième communauté au sein de la caravane, derrière les Honduriens.

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