Le débat autour de la réconciliation des mémoires sur l’Algérie n’a cessé d’empoisonner la vie politique en France. Depuis plus de quarante ans, le sujet demeure un objet de controverses entre deux camps : d’un côté, ceux qui à droite et à l’extrême droite restent nostalgiques de la grandeur de la France coloniale et ne veulent en aucun cas renier la mission de civilisation portée alors par l’Empire ; de l’autre, la gauche défenseuse de l’indépendance des peuples et des combats anticoloniaux, qui exhorte la République à reconnaître publiquement ses fautes et à construire une autre vision de son histoire.
Longtemps mise en sourdine, la polémique a resurgi lors de la campagne présidentielle de 2017, lorsque Emmanuel Macron a qualifié la colonisation de « crime contre l’humanité » sur la chaîne algérienne Echorouk News, et assuré qu’il fallait présenter « nos excuses à l’égard de celles et ceux envers lesquels nous avons commis ces gestes ». Les propos du candidat de La République en marche (LRM) avaient déclenché une tempête de protestations à droite et à l’extrême droite. Marine Le Pen s’était élevée contre cette « honte ». Trois ans plus tard, dans ce camp-là, le propos ne passe toujours pas et la méfiance reste de mise.
C’est au sein du Rassemblement national, dont l’idéologie reste profondément liée au souvenir algérien, que l’opposition est la plus virulente. La rhétorique amère et rancunière autour de la perte de « l’Algérie française » imprègne ainsi l’ex-Front national dès sa création, en 1972. Le parti lepéniste compte parmi ses fondateurs des anciens de l’Organisation de l’armée secrète (OAS), dont Pierre Sergent et Roger Holeindre. Jean-Marie Le Pen, ancien para, n’a jamais caché son ressentiment à l’égard du général de Gaulle, qu’il accuse d’avoir « trahi ».
Si sa fille a coupé avec cette glorification de la mémoire de « l’Algérie française », certains continuent de l’honorer, en particulier dans les municipalités tenues par le Rassemblement national, qui cherchent à séduire leur électorat pied-noir. Stèles et noms de rue y font référence. Le maire RN de Beaucaire (Gard), Julien Sanchez, a ainsi débaptisé la rue du 19-Mars-1962 pour lui préférer la date du 5 juillet 1962, marquant le massacre de pieds-noirs à Oran. Robert Ménard a fait de même à Béziers (Hérault), préférant honorer la mémoire du commandant Hélie Denoix de Saint Marc, figure du combat pour « l’Algérie française », plutôt que ce 19 mars. A Fréjus (Var), David Rachline a quant à lui inauguré en 2015 une stèle « en hommage à tous ceux tombés pour que vive la France en Algérie ».
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