Tribune. De la frontière de la Pologne à la Manche, l’afflux de migrants venus du Kurdistan d’Irak en Europe est un révélateur des inégalités profondes dont souffre leur société d’origine.
La crise actuelle est un des effets du fossé qui existe, depuis des décennies, entre les familles dirigeantes kurdes et la majorité de la population, un clivage si insupportable que le peuple du Kurdistan, ses étudiants, ses jeunes, n’ont d’autre choix que de fuir le pays ou de se soulever contre les dynasties politiques en place.
Corruption et injustice
Au revers de l’exode des uns, on trouve la révolte des autres, en cours dans plusieurs villes du Kurdistan irakien où des manifestations étudiantes sont réprimées par les autorités depuis la fin du mois novembre.
Les rêves nationaux du peuple kurde, pour lesquels la France a activement œuvré lors de l’exode et du soulèvement kurde de 1991, ont été volés par les dynasties Barzani et Talabani, toujours au pouvoir trente ans après. De nombreux facteurs permettent sans doute d’expliquer que les Kurdes d’Irak fuient aujourd’hui leur pays. Ils ont cependant pour dénominateur commun la corruption et l’injustice que font régner ces deux familles dans la région.
Le premier ministre kurde irakien vante en permanence ses réformes. Comment pourrait-on parler de réformes alors que la région du Kurdistan ne dispose même pas de loi de finances ? Masrour Barzani se contente d’allouer des fonds à différents projets selon son bon plaisir, sans consulter le parlement ni même ses ministres. Ses décisions sont arbitraires et relèvent souvent de la pure propagande destinée aux réseaux sociaux.
Dès 2020, deux commissions du Parlement du Kurdistan avaient commencé à se pencher sur l’augmentation du nombre de candidats au départ vers l’Europe parmi les jeunes et des familles kurdes d’Irak. Les dirigeants du Kurdistan irakien étaient au courant du problème avant que la crise n’atteigne le stade actuel. Mais le gouvernement Barzani n’a rien fait pour enrayer ce phénomène.
Barzani et Talabani se déchirent
La situation présente donne désormais aux tenants du pouvoir l’opportunité de blâmer leurs adversaires politiques et de demander une nouvelle fois à la communauté internationale de mettre la main à la poche à leur place pour résoudre des problèmes dont ils sont eux-mêmes la cause.
Tandis que la crise migratoire kurde en cours à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie faisait la « une » de la presse internationale, un mouvement social, notamment parmi les étudiants, s’est mis en branle au Kurdistan. Les deux phénomènes vont de pair. Ils constituent d’un même cri d’alarme adressé aux chefs kurdes.
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