Très affecté par la crise sanitaire et plombé par une dette massive, le numéro un européen des résidences de loisirs Pierre et Vacances-Center Parcs s’achemine vers un accord, confiant son destin à trois investisseurs qui vont ravir à son fondateur, Gérard Brémond, le contrôle du groupe.
L’entreprise, qui compte 12.000 salariés et possède les marques Pierre et Vacances, Center Parcs, Maeva et Adagio, a annoncé, ce lundi 20 décembre, avoir conclu un accord d’exclusivité de négociations jusqu’au 31 janvier avec un consortium d’investisseurs composé de ses créanciers Alcentra et Fidera et de son bailleur Atream – propriétaire de quatre Center Parcs en Europe et une résidence Pierre & Vacances en France -, pour une recapitalisation et une importante conversion de dettes.
« Désendettement massif »
L’opération, qui a reçu un accord de principe des principaux créanciers financiers, prévoit une injection de 200 millions d’euros de fonds propres et un « désendettement massif » via la conversion en capital de plus de « 551 millions d’euros de dettes », dans les prochains mois.
Cela vise à « effacer le coût terrible de la crise sanitaire » pour le groupe, a déclaré à l’AFP son fondateur Gérard Brémond, 84 ans, détenteur de 49,6% du capital via la holding familiale Siti, et qui tomberait à « environ 4% », a-t-il précisé.
677 millions d’euros de pertes sur les deux derniers exercices
« Le principal pour moi était de sortir le groupe du cataclysme » provoqué par le gel de l’activité dû à la pandémie, a-t-il dit, ajoutant: « ma priorité était moins mon devenir financier personnel que le maintien de la pérennité du groupe ». L’accord devra être approuvé lors d’une assemblée générale des actionnaires convoquée après l’assemblée générale annuelle prévue le 10 février.
A l’issue de l’opération, les actionnaires actuels verraient leur participation fortement diluée: ils n’auraient plus que « 2,1% à 16,4% » du capital, contre « 42,6% à 56,8% » pour les investisseurs – hors détention de capital au titre de créances. La gouvernance sera alors réformée. Coté en Bourse depuis 1999, le groupe déficitaire depuis dix ans avait un besoin urgent de capitaux frais. Il a accumulé 677 millions d’euros de pertes sur ses deux derniers exercices, la pandémie de Covid-19 ayant fortement amputé son activité et fait grimper sa dette brute à 1,1 milliard d’euros.
Gérard Brémond passe la main, après 54 ans de pilotage du groupe
Dans l’opération envisagée, M. Brémond, deviendrait « conseiller spécial » du groupe, pour « accompagner sa transition pendant 3 à 4 ans », a-t-il précisé. Il bénéficierait à ce titre d’une attribution gratuite d’actions de préférence convertibles en actions ordinaires. Puis il prendrait la tête d’une nouvelle société immobilière, dont il serait actionnaire à hauteur de 70% (Atream et le groupe détenant chacun 15%), qui « préparerait tous les dossiers d’investissement futurs » du groupe, a-t-il expliqué, en collaboration avec une foncière, qui reste elle aussi à créer et qui détiendrait les murs des résidences à venir.
« Je suis très content d’accompagner le groupe, même avec des responsabilités moins larges, sur les thèmes qui m’intéressent le plus: la stratégie et l’immobilier », a affirmé M. Brémond. Avec Pierre et Vacances, Gérard Brémond a inventé le concept de la « nouvelle propriété », où des particuliers achètent à bon prix des appartements qu’ils confient au groupe pour la location, « à la mer et à la montagne » (Val d’Isère, Juan-les-Pins, Sainte-Maxime…), tout en se réservant des droits de séjour. Il avait racheté Center Parcs en 2003. Après avoir présidé aux destinées de son groupe depuis 54 ans et vu défiler cinq directeurs généraux en 15 ans, M. Brémond devra donc passer la main, et l’investissement par des particuliers, un modèle qui a aujourd’hui du plomb dans l’aile, ne devrait « plus être d’actualité ».
« Le groupe était trop compliqué, pas assez performant financièrement », dit à l’AFP Franck Gervais, son directeur général, qui entrera au conseil d’administration. « Avec cet accord, il sera beaucoup plus solide sur ses deux jambes: il faut maintenant » atteindre « la performance » promise aux investisseurs, résume-t-il. Depuis février, dans le cadre d’une procédure de conciliation, le groupe avait obtenu un financement-relais de 300 millions d’euros et convaincu 80% de ses propriétaires individuels d’abandonner 5 mois de loyers non perçus pendant la crise.
(Avec AFP)
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