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Boris Johnson affaibli par le départ de son « M. Brexit »

David Frost (à droite) et le premier ministre britannique Boris Johnson (à gauche) lors de la signature de l’accord de commerce et de coopération entre le Royaume-Uni et l’UE, au 10 Downing Street, le 30 décembre 2020. LEON NEAL / AFP

Le gouvernement de Boris Johnson s’enfonce chaque jour davantage dans la crise : samedi 18 décembre, David Frost, son fidèle ministre du Brexit, a confirmé sa démission invoquant « la direction [politique] prise » par Downing Street, regrettant les hausses d’impôts décidées à l’automne par le premier ministre et les restrictions sanitaires adoptées mi-décembre pour tenter de freiner l’énorme vague d’infections au variant Omicron qui déferle sur le Royaume-Uni. « J’espère que nous allons aller aussi vite que possible dans la bonne direction : une économie peu régulée, peu taxée, en pointe en matière d’innovation et de développement scientifique », a insisté Lord Frost dans sa lettre de démission.

Dès dimanche, Liz Truss, l’ambitieuse ministre des affaires étrangères de M. Johnson, a été nommée pour le remplacer. Députée depuis 2010, elle enchaîne les postes ministériels depuis 2012 (éducation, commerce, Trésor…). Elle a voté contre le Brexit en 2016, mais depuis, l’élue, qui insiste sur sa filiation politique avec Margaret Thatcher, a adopté une rhétorique très eurosceptique. Elle va devoir reprendre au pied levé la difficile renégociation avec Bruxelles du protocole nord-irlandais (la partie du traité du Brexit régissant le statut de la province). Les Européens ont proposé de nombreuses concessions, mais David Frost réclamait davantage : la fin du rôle de la Cour européenne de justice dans la province, et la levée presque intégrale des contrôles douaniers entre la Grande-Bretagne et l’Irlande du Nord.

David Frost, 56 ans, était réputé loyal envers M. Johnson. Ce dernier l’a recruté quand il était ministre des affaires étrangères de Theresa May. A l’époque, « Frosty » comme l’ont baptisé depuis les médias britanniques, n’a à son actif qu’une carrière de diplomate plutôt terne (un passage par Bruxelles, un poste d’ambassadeur au Danemark). Mais il se distingue par ses fortes convictions eurosceptiques et souverainistes, assez rares au Foreign Office. M. Johnson le bombarde négociateur en chef du Brexit quand il entre à Downing Street, en juillet 2019, puis le nomme ministre dans son cabinet début 2021. Son sérieux rassure Bruxelles au début, mais son approche idéologique est vite considérée comme un frein à la recherche d’un compromis. La défiance à son égard était maximale depuis que, cet été, il a exigé de renégocier le protocole nord-irlandais, qu’il avait pourtant accepté dix-huit mois plus tôt, menaçant d’en suspendre l’application s’il ne parvenait pas à ses fins.

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