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Telecom Italia tourne la page avec le départ définitif de son ancien PDG

Telecom Italia, convoité par le fonds d’investissement américain KKR, a réussi vendredi à tourner la page et négocier le départ de son ancien PDG du conseil d’administration, débloquant ainsi l’impasse dans laquelle se trouvait sa gouvernance.

Luigi Gubitosi, qui avait démissionné de ses fonctions en novembre, a conclu un accord avec le groupe prévoyant qu’il quitte aussi son siège au sein du conseil d’administration, a appris l’AFP de source financière.

Un accord sur la sortie de M. Gubitosi a été approuvé par le conseil d’administration de Telecom Italia (TIM) au cours d’une réunion qui a débuté dans l’après-midi.

M. Gubitosi ouvre ainsi la voie à l’entrée au conseil de son probable successeur, Pietro Labriola, 54 ans, qui assure pour l’heure les fonctions de directeur général et est à la tête de la filiale brésilienne de TIM.

L’ancien PDG de Telecom Italia, Luigi Gubitosi, le 29 mars 2019 à Rozzano, près de Milan (AFP/Archives – Miguel MEDINA)

Vivendi, premier actionnaire de Telecom Italia, avait milité en faveur d’une solution rapide à une situation incongrue, qui voyait l’ancien patron siéger au conseil d’administration et bloquer ainsi l’accès à un possible successeur.

La présence du directeur général au conseil d’administration s’impose d’autant qu’il doit examiner une proposition d’achat de KKR. Le fonds s’est dit prêt à débourser 10,8 milliards d’euros pour la totalité du groupe.

– Accès aux comptes? –

L’offre de KKR se situe bien au-dessus du cours de Bourse actuel (0,444 euro), mais est jugée trop basse par Vivendi, qui était entré au capital en 2015 à un prix moyen d’achat de 1,071 euro l’action.

« Cette offre n’est pas dans l’intérêt de Vivendi qui avait payé le double à l’époque pour ses actions », a commenté à l’AFP le professeur d’économie politique Leonardo Becchetti de l’université romaine de Tor Vergata. Pour arriver à ses fins, « KKR sera probablement obligé de relever son offre ».

En attendant, le fonds américain a demandé d’avoir accès aux comptes de TIM en vue d’un audit approfondi (« due digilence ») avant de lancer une OPA.

TIM vient d’émettre son troisième avertissement sur résultats en un an, en prévenant que la baisse de son bénéfice d’exploitation en Italie serait plus forte que prévu en raison de moindres recettes de son réseau fixe.

Si KKR attend un signal du conseil d’administration sur l’accès aux comptes, il a fait savoir qu’il n’était pas pressé: le fonds assure n’avoir fixé « aucun délai » pour l’accès à la « due diligence ».

Les analystes d’Equita jugent « peu probable » que le conseil d’administration se prononce vendredi sur la « due diligence ».

Quant à l’avenir de TIM, parmi les hypothèses à l’étude figure la scission du réseau des activités de service du groupe.

– « Golden power » –

Le PDG de Vivendi, Vincent Bolloré, à Paris, le 26 juin 2017 (AFP/Archives – Zakaria ABDELKAFI)

Vivendi, qui détient 23,75% de TIM, s’est déclaré prêt à discuter d’une prise de contrôle par l’Etat italien du réseau de l’opérateur historique, mettant ainsi la pression sur KKR.

Le géant français des médias, qui contrôle environ un tiers du conseil d’administration de TIM, tente ainsi de mettre sur pied un projet concurrent à celui du fonds américain.

Chacun de son côté, Vivendi et KKR s’efforcent de convaincre le gouvernement qui dispose de pouvoirs spéciaux (« golden power ») dans des secteurs considérés comme stratégiques, de se positionner en leur faveur.

L’Etat italien est le deuxième actionnaire de Telecom Italia, avec une part de 9,81% détenue par la Caisse italienne des dépôts (CDP).

Le gouvernement n’exclut pas le cas échéant le recours au « golden power », même s’il avait estimé en novembre que l’intérêt manifesté par KKR pour TIM était une « nouvelle positive pour le pays ».

Le ministre du Développement économique Giancarlo Giorgetti juge ainsi « incontestable » qu’il existe au sein de Tim « des actifs de nature stratégique pour lesquels un contrôle public est indispensable ».

« On ne peut pas imaginer qu’un fonds d’investissement contrôle un réseau de télécommunications, cela n’existe dans aucun pays du monde occidental », a renchéri le professeur Becchetti.

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