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Trop d’entertainment, pas assez de sport? La F1 époque Netflix ne plaît pas à tout le monde

Au lendemain d’un dernier Grand Prix exceptionnel dans tous les sens du terme à Abu Dhabi, qui a vu le triomphe de Max Verstappen, plusieurs commentateurs s’interrogent déjà sur le devenir de la discipline, de plus en plus soumise à des décisions litigieuses formulées par les commissaires de course.

La F1 est-elle victime de son succès? À peine le temps de digérer un dernier chapitre fort en suspense à Abu Dhabi que, déjà, celui de l’analyse est venu. Cette ultime course de la saison 2021 a déchaîné les passions – peut-être plus que jamais dans l’histoire de la discipline. Entre les pro-Hamilton et les supporters de Verstappen, les réseaux sociaux ont explosé dimanche après-midi et difficile de faire le tri entre opinions et réflexions. Ce duel final, qui a tourné en faveur du Néerlandais, a fait (res)surgir des interrogations profondes concernant la dimension spectacle prise par la Formule 1 ces deux dernières années. Avec toutes ses composantes et ce qu’elles impliquent sur la compétition.

L’exposition médiatique flamboyante de la F1 a-t-elle influencé le résultat final ?

On le sait, la série Netflix consacrée à la F1 et publié sur la plateforme dès mars 2019 a donné un nouvel élan à la discipline. Sorte de documentaire géant dans les coulisses du paddock à la narration vite addictive, « Drive to Survive » (« Pilotes de leur destin » en français) a amené des millions de suiveurs devant leurs écrans le dimanche (+50% d’audience pour Canal +, le diffuseur français, en deux ans, record ce dimanche), prêts à suivre en direct les exploits de pilotes soudainement devenus familiers. Dans cet immense coup de projecteur, la rivalité Verstappen – Hamilton est mise à nu comme jamais, entraînant la constitution de fanbases solides prêtes à vibrer pour le Néerlandais ou le Britannique.

Cette passion grandissante était donc à son paroxysme ce week-end pour le dernier tour de roues décisif, qui allait décider du prochain champion du monde. Et au regard de ce finish insensé, qui a vu Max Verstappen dépasser Lewis Hamilton dans l’ultime tour de course après un scénario fou et l’intervention d’une voiture de sécurité, elle n’est pas prête de redescendre. Mais pose aussi, pour certains observateurs, les limites de cette exposition médiatique globalisée.

« C’est une nouvelle façon de gérer le sport où le directeur de course peut prendre ces décisions ad hoc »

Sacré au classement des pilotes en 1996, le Britannique Damon Hill expliquait peu après le dénouement de cette saison son sentiment sur Twitter : « Beaucoup de gens pas très heureux. Et beaucoup de gens très heureux. C’est une nouvelle façon de gérer le sport où le directeur de course peut prendre ces décisions ad hoc. C’était un peu trop ‘devinez ce que je vais faire maintenant’ je pense ». Une référence, notamment, à la tergiversation des commissaires du Grand Prix après l’intervention de la voiture de sécurité au 53e tour. Après avoir d’abord interdits les cinq pilotes retardataires – Norris, Alonso, Ocon, Leclerc et Vettel – intercalés entre Hamilton et Verstappen de dépassement, la FIA a fait volte face à un tour de l’arrivée, relançant totalement les hostilités entre les deux meilleurs pilotes de la saison.

De là à considérer pour certains que l’attribution du titre de champion du monde a été décidée dans les bureaux, il n’y a qu’un pas… que les plus complotistes (et souvent supporters d’Hamilton) n’hésitent pas à franchir sur les réseaux. « Cette saison a été construite comme un drama Netflix, la réputation de la F1 est ternie… Honte ! » peut-on notamment lire dans la foule de propos à l’emporte-pièce. Reste que ces propos ouvrent la réflexion de la transparence – pas toujours évidente – quant aux décisions du directeur de course et de règlements plus lisibles et compréhensibles. Les réclamations déposées par Mercedes, au-delà de la seule déception de s’être fait chiper le titre sous le nez, témoignent elles aussi de ce manque de clarté.

« Ce qu’a fait la direction de course, c’est ridicule, ridicule », fulminait notamment Olivier Panis sur RMC dimanche. « Soit cela se finit sous safety car, soit toutes les voitures peuvent dépasser la safety car. C’est encore un coup de dé comme pour la course précédente. C’est une kermesse ce truc. »

Alors maintenant, que faire ? Comment diminuer le temps de traitement d’un fait de course par les commissaires pour ne plus entretenir le flou ? Peut-être en simplifiant les procédures, en réfléchissant à chaque événement possible lors d’un Grand Prix et en y associant une ou plusieurs réponses adaptées à mobiliser le moment venu. Probablement plus facile à dire qu’à faire. Mais sans cela, il est probable que la crédibilité à moyen terme de la F1 va finir par être questionnée. Avec la possibilité de voir fuir une nouvelle audience durement conquise, ce qui serait un comble et au final un manque de respect pour des écuries et pilotes qui défendent leur discipline chaque week-end.

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