Environ deux cent trente migrants, hommes, femmes et enfants, ont été évacués, vendredi 10 décembre au petit matin, d’un tunnel reliant Paris à la Seine-Saint-Denis, où ils avaient constitué un campement, pour être mis à l’abri dans des centres d’hébergement, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP).
Avant l’aube et sous la pluie, ces personnes qui avaient déployé leurs tentes depuis un mois et demi dans l’étroit tunnel du 19e arrondissement parisien, ont ramassé leurs affaires pour s’engouffrer dans des autocars qui les ont transportées pour l’essentiel vers des centres franciliens et pour d’autres vers le sud-ouest de la France.
Au total, 237 personnes, pour beaucoup originaires d’Afrique, ont été prises en charge, dont « 48 personnes en famille », a précisé la préfecture de la région Ile-de-France. Les personnes vont « bénéficier d’une évaluation de leur situation administrative, d’un accompagnement social, sanitaire et administratif avant d’être réorientées vers des hébergements adaptés à leur situation », a également souligné la préfecture.
« Les températures ont déjà baissé depuis plusieurs semaines, donc il était vraiment temps que la situation se débloque. Ces personnes vivaient entassées dans des conditions dramatiques, avec une situation sanitaire préoccupante », a expliqué sur place Pierre Mathurin, un responsable de l’association Utopia 56 qui apportait son aide à ces exilés.
Manque de places d’hébergement
« On craignait que ce qui s’est passé sur le camp de Bercy ne se reproduise ici », a-t-il poursuivi, en référence à une attaque au sabre dont ont été victimes des migrants mercredi dans le 12e arrondissement de Paris. Un homme avait été arrêté après y avoir blessé deux migrants – dont un grièvement – et dégradé six tentes. « Il est temps que le gouvernement prenne conscience des risques qu’encourent ces personnes à la rue, dans le climat actuel », a ajouté M. Mathurin.
A la fin de novembre, plus de trois cents riverains et militants avaient manifesté entre le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) et Paris pour réclamer la mise à l’abri de ces migrants qui étaient alors environ cent cinquante à vivre dans le tunnel. Si l’opération de vendredi a pris « autant de temps », estime Ian Brossat, maire adjoint de Paris chargé du logement et de la protection des réfugiés, c’est en raison de la « congestion des places d’hébergement ». « Nous avons besoin d’un site de premier accueil. La réalité, c’est que le passage par la rue est quasiment devenu un sas automatique pour avoir une place d’hébergement derrière », déplore-t-il.
Haila (le prénom a été modifié), un demandeur d’asile afghan pris en charge vendredi, ne dit pas l’inverse : c’est sa vingtième mise à l’abri, assure-t-il. « Je n’ai pas d’espoir », lâche-t-il, avant de monter dans un autocar et d’ajouter : « Je connais la situation. Après deux semaines, ils vont dire la même chose : il faut sortir. »
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