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Entre Merkel et Scholz, une passation de pouvoir digne d’une « démocratie solide »

L’exchancelière allemande, Angela Merkel et son successeur, Olaf Scholz, à la chancellerie, le 8 décembre 2021. JOHN MACDOUGALL / AFP

« Monsieur le chancelier, cher Olaf Scholz… » Il est 15 heures, mercredi 8 décembre, quand Angela Merkel prononce ces quelques mots. Le ton est si naturel et si dénué d’emphase qu’on croit assister à un banal point presse. Puis on est rappelé à la solennité du moment quand celle qui a dirigé l’Allemagne pendant seize ans conclut sa brève intervention – à peine deux minutes – en adressant cette injonction à son successeur : « Prenez possession de cette maison et travaillez pour le bien de notre pays. »

Sur ces mots, qui resteront les derniers de son long règne à la tête de l’Allemagne, Angela Merkel quitte le pupitre depuis lequel elle s’est exprimé des centaines de fois, dans cet espace du premier étage de la chancellerie habituellement réservé aux conférences de presse. Puis Olaf Scholz se lève, lui tend un bouquet de fleurs, et prend place à son tour derrière le fameux pupitre. « Chère Angela Merkel, chère chancelière, je tiens à vous remercier chaleureusement pour le travail que vous avez accompli ces seize dernières années. Seize années pendant lesquelles nous avons été confrontés à de graves crises que nous avons parfois dû surmonter ensemble », déclare celui qui, quelques heures plus tôt, n’était encore que son ministre des finances et son vice-chancelier.

« Entre nous, il y a toujours eu un lien de confiance. C’est une bonne chose car cela montre que nous vivons dans une démocratie solide. » Et de conclure par cette promesse : « Je souhaite que cette maison reste fidèle à la mentalité, si typique du nord-est de l’Allemagne, qui y a régné jusqu’ici. » Une façon pour l’ancien maire de Hambourg de marquer sa continuité, comme il l’avait fait pendant sa campagne, avec le style tout en sobriété de celle qui fut pendant trente ans députée de Stralsund, au bord de la mer Baltique.

Longue standing ovation

De la sobriété, il y en aura eu en réalité tout au long de cette journée historique qui a commencé, aux alentours de 9 heures, quand la nouvelle présidente du Bundestag, la sociale-démocrate Bärbel Bas, a déclaré ouverte la séance dont le seul point à l’ordre du jour était l’élection du nouveau chancelier.

A cet instant, Angela Merkel était encore officiellement chef du gouvernement, mais déjà, elle n’était plus que la spectatrice d’elle-même. Tout un symbole : elle qui, pendant trente et un ans, a eu sa place dans l’Hémicycle, comme députée, ministre ou chancelière, a assisté à la séance depuis les tribunes réservées au public, où elle a eu droit à une longue standing ovation à laquelle ont pris part tous les députés à l’exception de ceux du parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD).

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