Après la désescalade verbale, la reprise du contact physique. Le ministre français des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian s’est rendu à Alger, mardi 8 décembre, pour y rencontrer le président Abdelmadjid Tebboune dans l’espoir d’amorcer la réconciliation avec l’Algérie après deux mois de crise diplomatique, la plus virulente depuis quinze ans. « Je souhaite que nos deux pays reprennent ensemble la voie d’une relation apaisée », a déclaré à la presse M. Le Drian aux côtés de son homologue Ramtane Lamamra, ajoutant que la France et l’Algérie devaient « regarder vers l’avenir ».
Le ministre français a insisté sur « la confiance » à « renouer » et sur « l’approfondissement de notre partenariat » – qualifié d’« indispensable » –, autant de mots amènes solennisant la volonté de Paris de surmonter les aigreurs récentes. Ce déplacement à Alger prolonge la main tendue par l’Elysée qui avait fait savoir le 9 novembre, par la voix d’un membre de l’entourage présidentiel, qu’Emmanuel Macron « regrettait » les « polémiques et les malentendus ».
La crise avait éclaté cinq semaines plus tôt après les propos tenus lors d’une rencontre à l’Elysée avec des « petits enfants » de la guerre d’Algérie. Le chef de l’État avait évoqué un « système politico-militaire algérien » qui se serait construit sur la « rente mémorielle » et la « haine de la France ». Il était allé jusqu’à interroger l’existence de « la nation algérienne (…) avant la colonisation française ». Dénonçant des « propos irresponsables », Alger avait répliqué en rappelant pour consultation son ambassadeur à Paris et interdit le survol de son espace aérien aux avions militaires français participant à l’opération « Barkhane » au Mali.
Un processus long
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune avait ensuite dénoncé dans un entretien à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel des « insultes » qui ont « blessé la dignité des Algériens » et relèvent, selon lui, de « la vieille haine coloniale ». Il fallait remonter à 2005 lors de la controverse déclenchée par l’adoption au Palais Bourbon d’un article de loi sur le « rôle positif de la présence française en Afrique du Nord » pour retrouver trace d’une telle acrimonie verbale entre les deux pays. La nouvelle poussée de fièvre était d’autant plus paradoxale que M. Macron avait mis un point d’honneur à lancer son chantier de « réconciliation mémorielle », préalable à ses yeux à une normalisation durable de la relation bilatérale.
L’éclatement de la crise a malmené un certain nombre d’actions conjointes que Paris entendait mener avec Alger, notamment dans la stabilisation de la zone sahélo-saharienne où les dossiers du Mali et de la Libye font figure de priorités. « Avec un partenaire aussi essentiel que l’Algérie, on ne peut pas se permettre longtemps d’être dans une situation dégradée », souligne-t-on dans l’entourage de M. Le Drian. Le patron du quai d’Orsay avait déjà rencontré M. Lamamra le 26 octobre à Kigali en marge d’une réunion de membres de l’Union africaine et de l’Union européenne avant de le retrouver le 12 novembre à Paris lors d’une conférence internationale sur la Libye. La visite de mardi à Alger n’est que « le début d’un processus qui va être assez long », avertit l’entourage du ministre français.
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