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Au Rajasthan, les chaleurs extrêmes poussent les paysans à migrer

Par Sophie Landrin

Publié aujourd’hui à 17h00

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ReportageLe plus grand Etat indien a enregistré, en 2019, un pic de chaleur de 50,8 °C et subit un dérèglement du régime des pluies qui met en péril l’agriculture.

La terre est sablonneuse, le paysage dunaire, la végétation réduite à quelques khejri, de grands arbres résistant aux tempêtes, à la sécheresse et aux températures élevées. Le district de Churu, situé aux portes du désert de Thar, dans le Rajasthan (nord-ouest de l’Inde), est une terre aride, difficile. La moins fertile du pays. Les agriculteurs ne peuvent compter que sur les pluies de mousson pour faire pousser leurs semences et remplir leur réservoir collectif d’eau potable. Le reste de l’année, le ciel n’apporte généralement pas une goutte d’eau. La région ne possède ni rivière ni lac, et les nappes phréatiques sont basses et salinisées.

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Des générations de paysans ont appris à cultiver dans ces conditions semi-désertiques, mais depuis quelques années, le savoir-faire et les conditions de vie sont mis à rude épreuve par des vagues de chaleur extrême et la sécheresse. La région de Churu, qui compte deux millions d’habitants, a enregistré, le 1er juin 2019, un record de 50,8 °C. Les gens ont d’abord cru à une exception, mais chaque été se transforme en fournaise. Surtout, le régime des pluies a totalement changé, perturbant l’agriculture et l’élevage, qui constituent la principale activité de Churu et du Rajasthan. Près de 70 % de la population en dépendent. Cet Etat représente 12 % de la production de lait en Inde.

Pyrelal Sihag dans ses champs, situés dans le village de Molisar (Rajasthan, Inde), le 1er décembre 2021. ISHAN TANKHA POUR «LE MONDE»

« 90 % des agriculteurs sont endettés »

« Avant les années 2000, nous avions une prémousson en juin, puis, en juillet, la vraie mousson. C’est fini. Cette année, les pluies sont arrivées la dernière semaine de juillet. Les puits étaient à sec ; le millet, qui est notre principale culture, a en partie grillé. Ce qui restait a été endommagé juste avant la récolte, en septembre, par des pluies diluviennes. 2021 est catastrophique », raconte Pyrelal Sihag, qui possède six hectares. Laxman Burdak a, lui aussi, perdu de l’argent avec son 1,5 hectare consacré à la culture du green gram, une sorte de haricot. Il n’a réussi à produire que neuf quintaux. Trop peu. Alors qu’il avait investi 60 000 roupies (700 euros), la vente ne lui a rapporté que 46 000 roupies. Le paysan a donc subi une perte nette de 14 000 roupies.

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A chaque récolte, Pyrelal et Laxman risquent leur exploitation. Autrefois, en cas de coup dur, ils pouvaient vendre une vache et s’assurer une rentrée d’argent frais, mais les nationalistes hindous ont interdit le transport, l’abattage et la consommation des ruminants, animaux sacrés dans la religion hindoue. Lorsque les bovins ne donnent plus de lait, les propriétaires les abandonnent, pour ne pas se ruiner en fourrage. Des milliers de vaches errantes encombrent les villes, les villages et les routes, provoquant des accidents en série, ainsi que les cultures. Les paysans ont dû s’équiper de clôtures en bois ou de fils de fer barbelé.

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