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OMC : les vingt ans qui ont consacré la puissance de la Chine

Des conteneurs au terminal qui leur est dédié au port de Yangshan, à Shanghaï, en Chine, le 23 octobre 2021. FUTURE PUBLISHING / BARCROFT MEDIA VIA GETTY IMAGES

Comment ne pas y voir un symbole ? Il y a exactement vingt ans, le 11 décembre 2001, la Chine devenait le 143e membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Loin de commémorer cet anniversaire, le président des Etats-Unis, Joe Biden, organise les 9 et 10 décembre un sommet des démocraties largement perçu comme « antichinois ».

Comment mieux illustrer le basculement du monde survenu ces vingt dernières années ? La Chine, un des pays les plus pauvres de la planète il y a moins d’un demi-siècle, est aujourd’hui perçue comme la principale menace par la première puissance mondiale.

Au début du XXIe siècle, le produit intérieur brut (PIB) chinois par habitant était inférieur à 1 000 dollars (889 euros), trente-six fois moindre que son équivalent américain (36 334 dollars). Aujourd’hui, le premier atteint 10 500 dollars, et l’écart n’est plus que d’un à six. Autre comparaison édifiante : lorsque la Chine a adhéré à l’OMC, son poids économique était comparable à celui de la France. Aujourd’hui, elle pèse davantage que l’ensemble de la zone euro et devrait dépasser les Etats-Unis avant la fin de la décennie.

Résultat, alors que la démocratisation du pays espérée par les Occidentaux n’a pas eu lieu, la relation entre les deux premières puissances mondiales relève désormais moins de l’économie que de la géopolitique. Avec une conséquence majeure : pour les économistes, la coopération entre pays accroît la part du gâteau. Chacun peut y trouver son compte. En revanche, pour les experts en géopolitique, si un pays voit sa puissance s’accroître, c’est au détriment de ses rivaux. On ne souffle plus sur les bougies mais sur des braises.

Personne, il y a vingt ans, n’avait prévu un tel développement, inédit dans l’histoire de l’humanité. Notant que, depuis 1978 et l’ouverture de son économie par Deng Xiaoping, la Chine se développait déjà à un bon rythme et attirait les investisseurs étrangers, l’économiste américain Nicholas Lardy, considéré comme un des meilleurs spécialistes de l’économie chinoise, s’interrogeait en mai 2001, dans une note de la Brookings Institution, sur l’intérêt pour la Chine d’adhérer à l’OMC : « Etant donné l’apparent succès de ce que l’on pourrait appeler l’intégration “light” [de l’économie chinoise], pourquoi les dirigeants [chinois] ont-ils décidé de supporter les coûts d’une ouverture bien plus profonde de leur économie au commerce et aux investissements internationaux ? » Car cette adhésion suppose, notamment, pour la Chine, de réduire drastiquement ses droits de douane et de cesser de soutenir ses entreprises publiques.

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