Pendant quatre ans, Donald Trump a violé systématiquement les normes constitutionnelles étatsuniennes, comme l’indépendance du pouvoir judiciaire ou la liberté de la presse, et les traditions politiques non écrites. Aussi [l’actuel président des Etats-Unis] Joe Biden a-t-il fait campagne sur le retour à la normalité, la primauté du droit, la restauration de la démocratie sur les plans interne et international. D’où la tenue de son sommet virtuel des démocraties, les 9 et 10 décembre.
Mais au moment où il prône la bonne parole, il est confronté au recul de la démocratie dans le monde. En 2017 déjà, [l’organisation] Freedom House ne comptait plus que 45 % de pays libres et notait que la tenue d’élections libres et justes, la reconnaissance des droits des minorités, la liberté de la presse et la primauté du droit étaient attaquées un peu partout dans le monde. Avec la contagion du mauvais exemple donné par Trump, les autocrates se sont sentis libres d’attaquer un peu plus les valeurs et les institutions démocratiques. C’est contre ces dérives que souhaite lutter le président Biden, mais encore faudrait-il qu’il puisse montrer l’exemple. Or, les classements internationaux, comme celui de l’institut Idea, font apparaître le recul démocratique des Etats-Unis (« backsliding »).
Les responsables de cette situation sont les institutions qui rendent possible la tyrannie d’une minorité et la polarisation, déjà ancienne mais accentuée durant la présidence Trump. Désormais, les démocrates ne sont plus des adversaires politiques mais des ennemis et le mensonge a droit de cité.
Un découpage électoral partisan
En raison de l’histoire et des priorités des Pères fondateurs, la Constitution de 1787, qui est un compromis entre petits et grands Etats – ceux du Sud esclavagistes et ceux du Nord opposés à l’esclavage –, confère aux petits Etats un avantage structurel au sein du collège électoral (pour la présidentielle) et au Sénat. Au sein du collège électoral, un Etat a droit à un nombre de grands électeurs égal au nombre de ses représentants et sénateurs. Or, pour rassurer les petits Etats et inscrire le principe du fédéralisme dans la Constitution, celle-ci prévoit que chaque Etat, quelle que soit sa taille, a droit à deux sénateurs, ce qui confère un avantage structurel aux petits Etats, dont beaucoup sont ruraux et aujourd’hui dominés par les républicains. Et avec le filibuster, l’obstruction parlementaire, quarante sénateurs républicains ont la possibilité de bloquer tout travail législatif alors qu’ils représentent une minorité de la population.
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