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Le Kremlin s’offre VKontakte, le « Facebook russe »

Téléphones portables sur lesquels sont ouvertes les sites de VKontakte, de Mail.ru et de Yandex, le moteur de recherche russe, le 17 mai 2017. GLEB GARANICH / REUTERS

Le Kremlin accentue son emprise sur les réseaux sociaux russes. Après une série de transactions, Gazprom, par le biais de ses filiales, a obtenu plus de 50 % des droits de vote au sein de VKontakte – le « Facebook russe », fort de plus de 100 millions d’utilisateurs dans le monde – faisant, de facto, du réseau social une entreprise d’Etat.

Jeudi 2 décembre, le milliardaire russe Alicher Ousmanov a vendu 45 % de ses actions du groupe MF Technologies, la société qui contrôle VKontakte, à la compagnie d’assurances Sogaz, une filiale du géant pétrogazier d’Etat Gazprom. Dans le même temps, Gazprombank, branche financière du géant énergétique, augmentait sa participation au groupe de 36 % à 45 %, avant de confier, vendredi, ses actions à la société Gazprom-Media, branche média et communication de la maison mère. La transaction n’a pas une grande valeur économique, car les deux sociétés de Gazprom recevront moins de 5 % des profits. Il s’agit surtout d’en faire un outil d’influence. Gazprom-Media est déjà propriétaire de 38 télévisions et de dix radios.

VKontakte restera « une entreprise indépendante », a assuré vendredi Gazprom-Media, sans convaincre. Très populaire dans les pays russophones, VKontakte a été créé en 2006 par Pavel Dourov, également concepteur de la messagerie protégée Telegram. Ce réseau social a toujours tenté d’échapper aux mains du pouvoir. En vain.

Infiltré par le FSB

En 2011, déjà, VKontakte avait dû publier dans la presse une lettre ouverte intitulée « VKontakte restera indépendant » pour rassurer ses utilisateurs, après l’arrivée de nouveaux actionnaires qui n’étaient pas du genre à s’opposer aux requêtes du Kremlin. Un an plus tard, les services de renseignement avaient demandé au site de bloquer les comptes de l’opposant Alexeï Navalny. A l’époque, le réseau était le principal lieu d’expression de l’opposition et d’organisation des rassemblements.

En garant de l’indépendance de sa société, Pavel Dourov avait refusé de céder aux injonctions du FSB, qui ne l’a plus lâché. En 2013, les services lui ont réclamé un accès aux comptes de militants ukrainiens engagés dans les manifestations pro-européennes de la place Maïdan, à Kiev. M. Dourov a ensuite quitté le pays en 2014, sans jamais y revenir. Il a acquis la nationalité française en août.

Depuis le départ de son créateur, VKontakte a gardé la réputation d’un réseau social complètement infiltré par le FSB. Malgré le départ d’une partie des utilisateurs vers Facebook et un blocage de l’application (contourné en masse) en Ukraine, le réseau social n’a rien perdu de sa puissance. Plus de la moitié de la population russe y serait inscrite.

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