Le pape François a quitté Chypre pour rejoindre Athènes, samedi 4 décembre, au troisième jour de sa visite dans les deux pays grécophones. En Grèce, comme à Nicosie, le destin des migrants sera au centre de ses propos. La journée de dimanche, en particulier, avec la seconde visite du chef de l’Eglise catholique à Lesbos, île égéenne proche des côtes turques, sur laquelle accostent depuis des années des réfugiés venus d’Asie mineure en route vers l’Europe. Il s’y était déjà rendu en 2016 et avait ramené trois familles syriennes à Rome, où elles avaient été prises en charge par la Communauté de Sant’Egidio.
Mais le pape François a profité de son arrivée à Athènes, où est née l’idée démocratique, pour insérer la question des réfugiés dans une réflexion plus globale sur la politique, considérée par lui comme une « bonne chose ». « Ici est née la démocratie, a-t-il dit lors d’un discours prononcé en fin de matinée au palais présidentiel, devant les autorités politiques du pays. Le berceau, des millénaires plus tard, est devenu une maison, une grande maison de peuples démocratiques : je pense ici à l’Union européenne et au rêve de paix et de fraternité qu’elle représente pour tant de peuples. »
Mais cette invention, a estimé François, est aujourd’hui affaiblie par ce qu’il a appelé « le recul de la démocratie ». « Et pas seulement sur le continent européen », a précisé le premier pape américain, sans donner d’exemple. « Dans de nombreuses sociétés, préoccupées par la sécurité et anesthésiées par le consumérisme, la fatigue et le mécontentement conduisent à une sorte de “scepticisme démocratique” », a-t-il analysé. Ce doute pour la démocratie tient, selon lui, à sa nature même – « elle est complexe, alors que l’autoritarisme est expéditif et que les assurances faciles offertes par les populismes semblent tentantes ». Il est accentué par « l’éloignement des institutions, la peur de la perte d’identité et la bureaucratie ».
La pauvreté, le climat et la pandémie
Comment remédier à ce scepticisme ? En faisant de la « bonne politique », qui accorde aux « plus faibles de la société » une « attention particulière ». La réponse appartient donc, selon le pape, aux gouvernants, qui doivent renoncer à « une recherche obsessionnelle de popularité » et aux « promesses intenables ». « Parce que la politique est une chose bonne, elle doit l’être dans la pratique, en tant que responsabilité suprême du citoyen, en tant qu’art du bien commun », a affirmé François.
Le pontife romain a donné quelques exemples des domaines dans lesquels il juge urgente cette « bonne politique » : le climat, la pandémie et « surtout la pauvreté généralisée ». Sur ces questions, il appelle la communauté internationale « à un multilatéralisme qui ne soit pas étouffé par des prétentions nationalistes excessives ». « La politique a besoin de cela pour faire passer les exigences communes avant les intérêts privés, a-t-il ajouté. Cela peut ressembler à une utopie (…). Et pourtant, la traversée d’une mer agitée, comme nous l’enseigne le grand récit homérique, est souvent la seule voie. »
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