Devant la petite cathédrale maronite Notre-Dame-des-Grâces, à Nicosie, quelques soldats de la Force de maintien de la paix des Nations unies à Chypre veillent. Le pape François vient d’atterrir à Larnaka et il a prévu d’y faire la première halte de sa visite de quarante-huit heures dans le pays le plus oriental de l’Union européenne. Or l’église est située aux abords de la ligne séparant la République de Chypre et la République turque de Chypre du Nord (RTCN), née de l’intervention militaire turque de 1974 et reconnue par la seule Turquie.
Il y est accueilli par le cardinal Bechara Boutros Raï, le patriarche d’Antioche des maronites, et l’archevêque Selim Jean Sfeir. A l’intérieur l’attendent dans toute leur diversité prêtres, religieuses et religieux ainsi que les représentants de mouvements ecclésiaux présents sur l’île. Quel meilleur endroit que cette assemblée réunissant différentes branches du catholicisme latin et oriental pour faire l’éloge d’une Eglise fraternelle et riche de sa « diversité », dotée de « beaucoup de sensibilités spirituelles et ecclésiales, des histoires d’origines variées, de rites et de traditions différentes » ?
Tout en s’adressant à l’Eglise catholique, le pape François s’est aussi exprimé pour l’Europe en ce creuset religieux. Dans cette île « qui est un enchevêtrement de peuples, une mosaïque de rencontres », a-il affirmé, l’Eglise « accueille, intègre et accompagne » et « se présente comme un peuple multicolore », avec « des personnes qui proviennent d’un autre monde, d’une autre culture ». « Il n’y a pas et il ne doit pas y avoir de mur dans l’Eglise catholique », a-t-il demandé avec force.
« Dépasser les divisions »
Il y a dans, cette Eglise-là, pour le pontife jésuite, un enseignement à tirer pour les pays européens : « Vous êtes immergés dans la Méditerranée, une mer d’histoires différentes, une mer qui a bercé tant de civilisations, une mer d’où débarquent aujourd’hui encore des personnes, des peuples et des cultures de toutes les parties du monde. Par votre fraternité, vous pouvez rappeler à tous, à l’Europe tout entière, que, pour construire un avenir digne de l’homme, il faut travailler ensemble, dépasser les divisions (…) Nous avons besoin de nous accueillir et de nous intégrer, de marcher ensemble, d’être frères et sœurs de tous ! »
Un peu plus tard, devant les représentants politiques et diplomatiques de Chypre, François a poursuivi son éloge de « la gamme chromatique » de la population de l’île. Le président de la République, Nicos Anastasiades, a cependant attiré son attention sur les difficultés auxquelles le pays est exposé du fait de l’arrivée de nombreux réfugiés mais aussi des « flux importants d’immigrants illégaux à travers les territoires occupés », c’est-à-dire la partie nord de l’île. Il a remercié le pape de son intention de transférer cinquante migrants à Rome : « Votre initiative symbolique est, avant tout, un message fort sur la nécessité d’une révision indispensable de la politique d’immigration de l’Union européenne, afin qu’il y ait un partage plus équitable de la gestion des problèmes. »
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