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L’église Saint-Georges de Lalibela, en Ethiopie. EDUARDO SOTERAS / AFP
L’Ethiopie a annoncé, mercredi 1er décembre, la reprise par les forces progouvernementales du site de Lalibela, classé par l’Unesco au patrimoine mondial et passé en août sous le contrôle des rebelles de la région du Tigré. Le gouvernement du premier ministre cherche à reconquérir les territoires encore aux mains des rebelles.
Parallèlement, les vols humanitaires de l’ONU entre la capitale, Addis-Abeba, et Makalé, dans la région du Tigré, « ont été rétablis », a annoncé le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, évoquant « une petite pointe d’espoir » dans ce conflit qui oppose depuis plus d’un an forces progouvernementales et rebelles du Front populaire de libération du Tigré (TPLF). Les vols étaient suspendus depuis le 22 octobre après des frappes aériennes.
Après les récentes annonces des combattants du TPLF sur des gains territoriaux s’inscrivant dans une stratégie de marche vers Addis-Abeba, le premier ministre Abiy Ahmed a fait savoir la semaine dernière qu’il se rendait sur le champ de bataille.
« Ajustements territoriaux »
Depuis lors, le gouvernement a annoncé avoir repris le contrôle de plusieurs petites villes, dont Shewa Robit, à environ 220 km, au nord-est de la capitale par la route et mercredi, Lalibela. Les forces progouvernementales ont « saisi la ville historique de Lalibela et l’aéroport international de Lalibela », a annoncé le service de communication du gouvernement dans un communiqué. Ce site est notamment célèbre pour ses églises taillées dans le roc dans la région Amhara, datant des XIIe et XIIIe siècles.
Le communiqué ajoute que les forces progouvernementales « marchent également sur la ville de Sekota » dans la région Amhara, dans le nord de l’Ethiopie, alors même que des combats se seraient étendus à Debre Sina, une ville située à moins de 200 km par la route d’Addis-Abeba. Plus tôt mercredi, les autorités éthiopiennes ont affirmé que les forces progouvernementales avaient repris la localité de Shewa Robit, une semaine après que les rebelles tigréens en avaient revendiqué la conquête.
INFOGRAPHIE LE MONDE
Dans un communiqué mercredi soir, le commandement militaire du TPLF a démenti les succès gouvernementaux, affirmant que les rebelles effectuaient au contraire « des ajustements territoriaux » avant des « offensives stratégiques ». En juin, les rebelles avaient repris l’essentiel du Tigré, puis avancé dans les régions voisines de l’Afar et de l’Amhara, où ils ont affirmé début novembre s’être emparés des villes de Dessie et de Kombolcha, un carrefour stratégique sur la route menant à la capitale. Les combats se dérouleraient actuellement sur trois fronts, dont un près de Debre Sina.
Ces derniers jours, les médias d’Etat ont diffusé des images d’Abiy Ahmed en uniforme dans ce qui semble être la région de l’Afar. Dimanche, ces médias ont affirmé que l’armée contrôlait la ville afar de Chifra. Abiy Ahmed a promis, mardi, de nouveaux succès à venir en Amhara.
Pékin contre « toute ingérence »
Si Washington a ouvertement critiqué la gestion de la guerre par M. Abiy, la Chine et la Russie ont été plus circonspectes. Le ministère éthiopien des affaires étrangères a tweeté mercredi des images d’un point presse d’un diplomate chinois de haut rang, Wang Yi, au cours de sa visite en Ethiopie, reproduisant ses déclarations : « La Chine s’oppose à toute ingérence dans les affaires intérieures de l’Ethiopie ».
Olusegun Obasanjo, l’envoyé spécial de l’Union africaine pour la Corne de l’Afrique, mène d’intenses efforts diplomatiques en vue de parvenir à un cessez-le-feu, mais peu de progrès ont été enregistrés jusqu’à présent.
Des responsables éthiopiens ont précédemment déclaré que les rebelles devaient se retirer d’Amhara et d’Afar avant qu’une « solution pacifique » ne puisse être trouvée, ce que le TPLF a refusé.
La guerre a éclaté en novembre 2020 après que le premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l’armée dans la région du Tigré afin d’y destituer les autorités locales, issues du TPLF, qui défiaient son autorité et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires. En près de treize mois, la guerre a fait plusieurs milliers de morts, plus de 2 millions de déplacés et plongé des centaines de milliers d’autres personnes dans des conditions proches de la famine, selon l’ONU.
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