Les Etats-Unis n’ont aucune certitude sur les intentions russes en Ukraine. Pourtant, ces dernières semaines, Washington a multiplié les avertissements à titre préventif au sujet d’un risque d’opération militaire. Le seul chiffre qui circule est celui d’environ 90 000 à 100 000 soldats, déployés sur des bases dans l’ouest de la Russie, pour beaucoup depuis de longs mois. En mai déjà, à l’approche de la première rencontre entre Joe Biden et Vladimir Poutine, à Genève, une inquiétude similaire avait mobilisé Américains et Européens, avant que la Russie n’annonce un redéploiement.
Début novembre, le directeur de la CIA, William Burns, s’est rendu à Moscou avec l’intention de mettre en garde son interlocuteur, Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité. Les deux hommes devaient préparer un nouvel entretien entre les deux chefs d’Etat, envisagé dans les prochains mois, par vidéo ou en personne. Mais côté russe, les interventions américaines sur l’Ukraine n’impressionnent guère. Moscou se décide en fonction de ses propres priorités. Concentrer des troupes peut relever de l’intimidation stratégique, pour empêcher l’installation en Ukraine de capacités militaires inédites, estampillées « OTAN ».
Un degré supplémentaire a été franchi, côté américain, au moment de la réception à Washington du chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kuleba, par Antony Blinken, le 10 novembre. Ce jour-là, le secrétaire d’Etat s’est alarmé devant la presse des mouvements de troupes russes, non loin de la zone frontalière. « Nous n’avons pas de clarté sur les intentions de Moscou, mais nous connaissons son manuel, disait-il. Et notre inquiétude est que la Russie fasse la grave erreur de tenter de reproduire ce qu’elle avait entrepris en 2014 lorsqu’elle avait amassé des forces à la frontière, avait pénétré sur le territoire souverain de l’Ukraine, tout en clamant, à tort, qu’elle avait été provoquée. »
« Défaite stratégique »
Les alertes répétées, lancées par les Etats-Unis, révèlent en creux l’érosion de sa dissuasion. Depuis le retrait chaotique d’Afghanistan en août, la volonté de la Maison Blanche de mettre un terme aux aventures militaires coûteuses et sans victoire possible a été bien enregistrée par les Etats comme la Russie. L’Ukraine est une obsession géostratégique et identitaire pour le Kremlin. Pas pour la Maison Blanche, focalisée sur la Chine. Personne n’envisage sérieusement un engagement militaire américain en défense de la souveraineté ukrainienne, contre la Russie. Il n’avait pas eu lieu en 2014, malgré l’annexion de la Crimée, ni en Géorgie en 2008.
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