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« Près d’un an après le départ de Donald Trump, le doute plane toujours sur la solidité de la démocratie américaine »

Le président américain, Joe Biden, lors d’une rencontre virtuelle avec le président chinois, Xi Jinping, depuis la Maison Blanche, à Washington, le 15 novembre 2021. MANDEL NGAN / AFP

Elle est, à sa manière, l’incarnation du rêve américain. Fille de mineur au chômage dans le nord-est de l’Angleterre ravagé par la désindustrialisation et le thatchérisme, Fiona Hill fut poussée à partir par son père dans les années 1980 car, lui dit-il un jour, « il n’y a rien pour toi ici, ma petite ».

La jeune Fiona, boursière, fit de brillantes études à Saint Andrews en Ecosse, Moscou, puis Harvard, devint une des meilleurs spécialistes de la Russie de sa génération, prit la nationalité américaine et se retrouva chargée du dossier russe au sein du Conseil de sécurité nationale du président Donald Trump. Le grand public la découvrit sur les écrans de télévision en 2019 lorsque, droite comme un I, elle témoigna contre le président devant les élus du Congrès qui instruisaient son procès en destitution.

Redevenue chercheuse à la Brookings Institution, Fiona Hill vient de publier un livre très remarqué aux Etats-Unis. Il a pour titre l’avertissement de son père : There Is Nothing for You Here (Houghton Mifflin Harcourt, non traduit). Il n’y est pas seulement question de son passage à la Maison Blanche ; elle y parle de Russie bien sûr, de son Angleterre natale et de son pays d’adoption, les Etats-Unis. Mais elle dit surtout comment ce parcours l’amène à identifier son plus grand objet d’inquiétude : l’état de la démocratie américaine.

Choix qui laissent perplexe

« J’ai vu de mes propres yeux à quel point l’Amérique est vulnérable aux fléaux politiques qui ont affligé la Russie », écrit-elle. En 2019, elle avait compris « que l’Amérique était embarquée dans sa propre dérive autoritaire ». En 2020, elle a vu la pandémie amener la première puissance mondiale « au bord de la faillite systémique ». En 2021, malgré le départ de Trump, elle reste extrêmement pessimiste.

C’est pourtant ce pays à la démocratie chancelante qui convoque les 9 et 10 décembre un « sommet pour la démocratie » – en vidéoconférence –, pour lequel le département d’Etat a préalablement distribué les bons et les mauvais points. Sur quels critères, on l’ignore : la liste se garde bien de le préciser. Si certains choix paraissent clairs – Taïwan oui, la Chine non –, d’autres laissent perplexe. La Hongrie est exclue, mais la Pologne est invitée. La Bosnie-Herzégovine n’y sera pas, mais la Serbie est conviée. La Turquie, allié de l’OTAN, a finalement été écartée, mais le Brésil de Jair Bolsonaro sera reçu à bras ouverts. Le Pakistan, les Philippines sont aussi de la partie.

Joe Biden avait émis l’idée de ce sommet dès janvier 2020. Il voulait « convaincre les autres leaders démocratiques d’inscrire le renforcement de la démocratie à l’agenda du monde ». Cela demandait, en effet, un peu d’effort : un certain nombre de ces « autres leaders démocratiques », en particulier les Européens, passablement échaudés par quatre ans de régime Trump, ont eu quelques réserves sur l’utilité de cette noble entreprise et l’ont fait savoir. Ils n’ont d’ailleurs pas été associés à la préparation de cet événement, pas plus que ne l’a été la société civile.

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