France World

Nucléaire iranien : « Nous ferons tout pour éviter que Téhéran soit sur le point de se doter d’une bombe »

Les négociations internationales sur le programme nucléaire iranien, à Vienne, en Autriche, le 29 novembre 2021. EU DELEGATION IN VIENNA / VIA REUTERS

Joshua Zarka est directeur général adjoint du ministère des affaires étrangères israélien, chargé des affaires stratégiques, notamment le dossier iranien. Alors que les négociations sur le nucléaire iranien ont repris, lundi 29 novembre à Vienne, il détaille la position israélienne. Le chef de la diplomatie, Yaïr Lapid, devait aborder la question mardi à l’Elysée avec Emmanuel Macron.

Qu’attendez-vous de la reprise des négociations sur le nucléaire iranien ?

Pour parler franchement, nous n’en attendons rien. Nous ne croyons pas que les Iraniens aient l’intention de trouver un accord, en échange du respect par les Etats-Unis de leurs engagements. Au fil des difficultés liées à ce processus, l’Iran a continué à avancer dans son programme nucléaire pour enrichir de l’uranium à 60 % et produire de l’uranium métal. Ils n’ont aucune intention de faire marche arrière. Dans ces conditions, la question est aujourd’hui de savoir pourquoi les Iraniens sont à Vienne. D’après nous, c’est pour gagner encore du temps, réduire la pression qui pèse sur eux et être sûrs que les Chinois et les Russes restent à leurs côtés. S’ils arrêtaient complètement le processus, cela deviendrait problématique pour eux. Mais ils ne reviennent pas pour négocier de bonne foi.

D’après vous, combien de temps faudrait-il désormais à l’Iran pour se doter d’une bombe nucléaire ?

L’Iran ne sera pas doté dès demain d’une bombe nucléaire. Mais le temps nécessaire pour que le pays achève de produire suffisamment de matériaux fissiles à 90 % pour une arme nucléaire est une question de semaines, selon nos estimations. Son programme est donc très avancé. Pour ce qui est de ses capacités dans le domaine balistique, l’Iran a déjà des missiles capables d’envoyer une bombe d’une demi-tonne à 2 000 kilomètres.

La politique de « pression maximale » lancée par Donald Trump en retirant les Etats-Unis de l’accord de 2015 a-t-elle été un échec, étant donné les progrès du programme iranien ?

Il est trop tôt pour en juger. Nous verrons à la fin du processus : soit l’Iran sera capable de se doter d’une arme nucléaire, et il faudra gérer cette situation, soit il acceptera in fine de mettre un terme à son programme. Il n’est pas opportun de dire que cette politique a été mauvaise en raison de l’avancée du programme iranien. Au contraire, elle a permis de mettre la pression sur le pays, car il est évident que l’Iran ne peut pas changer d’attitude sans une pression maximale, sans y être contraint par la communauté internationale. C’est pourquoi nous avons soutenu cette démarche. Nous aurions même pu espérer que cette pression soit encore plus forte. De 2015 à maintenant, nous avons essayé de convaincre la communauté internationale que l’accord JCPoA n’était pas suffisant. Tout le monde le comprend maintenant.

Il vous reste 53.92% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source

L’article Nucléaire iranien : « Nous ferons tout pour éviter que Téhéran soit sur le point de se doter d’une bombe » est apparu en premier sur zimo news.