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Au Liban, les forces armées sont frappées de plein fouet par la crise

Des soldats de l’armée libanaise lors du défilé marquant le 78e anniversaire de l’indépendance, à Beyrouth, le 22 novembre 2021. ANWAR AMRO / AFP

Georges (le prénom a été modifié) ne se rend plus que trois matinées par semaine à la base navale de Beyrouth. Ce sous-officier de la marine libanaise passe le plus clair de son temps à faire des petits travaux d’intérieur pour la clientèle qu’il s’est constituée afin d’arrondir ses fins de mois. Avec la dévaluation de la livre libanaise (LL) face au dollar, son salaire de 2,5 millions de LL ne vaut plus que 100 dollars (89 euros), contre 1 700 dollars avant la crise financière, en 2019.

A 50 ans, avec deux enfants de 11 et 17 ans à charge, Georges est pris à la gorge. Il ne lui reste plus grand-chose une fois payés l’électricité, l’eau et l’essence. « On vit au jour le jour. Je dois 35 millions de LL [1 500 dollars au taux de change sur le marché noir] à l’école car l’armée ne couvre plus les frais de scolarité à hauteur de 80 %, comme avant. Je ne sais pas comment payer l’inscription de l’aîné à l’université l’année prochaine. Qui peut payer 5 000 dollars aujourd’hui ? » s’interroge-t-il.

« Il y a beaucoup d’absentéisme dans le régiment, certains soldats ne peuvent plus du tout venir à cause de la hausse des prix de l’essence. Depuis juillet, nos horaires ont été aménagés », poursuit Georges. Chauffeurs de taxi, livreurs, agriculteurs : les soldats ont pris des petits boulots pour survivre et le commandement militaire ferme les yeux dans l’attente de solutions. « On est réalistes : un soldat ne gagne plus que 60 dollars à 70 dollars par mois, s’il peut trouver un autre travail, on laisse faire. On veut les préserver. On les fait venir dix à douze jours par mois au lieu de vingt-deux jours, pour qu’ils puissent économiser sur les transports et travailler à côté. On espère que ça ne va pas durer », confie une source militaire.

Les forces armées libanaises (FAL) ont été frappées de plein fouet par la crise financière. Avec la chute de la livre, le budget de la défense est passé de 1,2 milliard de dollars en 2019 à 200 millions de dollars, estime Aram Nerguizian, du centre de réflexion Carnegie. Cela ne suffit plus à offrir un salaire décent aux 80 000 membres des FAL ni à maintenir les avantages sociaux dont ils bénéficiaient.

Eviter des vagues de désertion

Les missions n’ont pas encore été affectées par les réductions budgétaires et en ressources humaines, mais les unités doivent composer avec le manque de matériel – jusqu’au papier et aux ampoules – et de pièces de rechange pour la maintenance des équipements. « C’est un vrai problème car il y a forcément une baisse progressive de motivation et de capacités à assumer les missions », estime une source militaire occidentale.

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