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A Lyon, les élus locaux s’inquiètent d’un éventuel déménagement d’Interpol

Le siège d’Interpol, à Lyon, le 10 septembre 2003. JEAN-FRANÇOIS MARIN / DIVERGENCE

La question du maintien du siège mondial d’Interpol en France se pose à nouveau, alors que le général Ahmed Naser Al-Raisi vient d’être élu à la présidence de l’organisation internationale. Le spectre du départ du secrétariat général, sis à Lyon depuis 1989, inquiète les élus locaux. Le nouveau président d’Interpol pourrait faire l’objet de poursuites et de mandats d’arrêt, pour des plaintes déposées en France pour atteintes aux droits de l’homme, ce qui compliquerait ses déplacements et ses séjours à Lyon. Plusieurs élus lyonnais soupçonnent le gouvernement d’avoir joué double jeu, en laissant planer le flou sur le financement d’indispensables travaux d’extension du bâtiment, alors que se tramait simultanément l’arrivée d’un personnage très contesté à la tête symbolique de l’organisation internationale de police.

« Il est possible que [Gérald] Darmanin ait voulu faire porter le chapeau du départ d’Interpol de la France [aux] écologistes, alors qu’il savait parfaitement le trouble rôle de la France dans l’élection du président de l’organisation », a réagi en aparté Bruno Bernard, le président (Europe Ecologie-Les Verts, EELV) de la Métropole de Lyon, en apprenant l’élection du général Al-Raisi jeudi matin. Pour lui, le ministre de l’intérieur a volontairement repoussé le financement de l’extension du siège, tout en connaissant la possibilité de son départ pur et simple de la France. Cette perspective est évoquée par M. Darmanin, dans un courrier du 26 octobre 2021 adressé aux élus lyonnais, que Le Monde a pu consulter. « Face aux difficultés à officialiser l’engagement français, plusieurs pays, en particulier les Emirats arabes unis, se sont positionnés pour financer et accueillir la direction exécutive des services de police, cœur des activités de l’organisation », écrit le ministre français. La perspective de l’élection du candidat émirati était visiblement actée.

Dans le même courrier, le ministre fait savoir que l’Etat envisage de prendre en charge un tiers du coût de l’extension souhaitée par Interpol à Lyon. Or cette proposition est bien inférieure à un engagement pris en mars 2018 dans un courrier de la préfecture du Rhône adressé à David Kimelfeld, prédécesseur de Bruno Bernard. Le préfet annonçait une participation de l’Etat à hauteur de 50 % du coût d’extension. Les élus lyonnais réclament depuis plus de cinq ans des éclaircissements sur la part de financement de l’Etat. « Oui, je suis attaché à la présence d’Interpol à Lyon. Je n’engage l’argent public que sur un plan clair », a solennellement déclaré Grégory Doucet, maire de Lyon (EELV), en préambule du conseil municipal, le 18 novembre. « La balle est dans le camp de l’Etat, qui doit préciser son engagement financier », a ajouté l’élu, six jours après une réunion tripartite (métropole, région, mairie), autour du préfet Pascal Mailhos.

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