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« Liban, au cœur du chaos », sur France 5 : une génération en rupture avec le système

Image extraite du film « Liban, au cœur du chaos », d’Alfred de Montesquiou. TONY COMITI & DREAMTIME

FRANCE 5 – DIMANCHE 28 NOVEMBRE À 20 H 55 – DOCUMENTAIRE

C’est par un cri révolté, celui que Liliane a lancé à Emmanuel Macron alors qu’il foulait les rues du quartier de Gemmayzé, le 6 août 2020, détruit deux jours plus tôt dans l’explosion du port de Beyrouth, que débute le documentaire Liban, au cœur du chaos. Le cri qu’adresse la jeune Libanaise de 24 ans au président français est celui de tout un peuple à qui le coup de grâce vient d’être asséné, ce 4 août, par une classe politique corrompue et démissionnaire, qui a déjà plongé le pays dans une crise protéiforme et dont la négligence a cette fois coûté la vie à plus de 200 personnes.

Lorsqu’un an plus tard le réalisateur Alfred de Montesquiou retrouve le pays du Cèdre, le gouffre s’est encore creusé : les Libanais sont étouffés par la crise économique tandis que leurs dirigeants manœuvrent pour se soustraire à leurs responsabilités et temporisent dans la mise en œuvre des réformes nécessaires au redressement du pays, aveugles au chaos qui s’installe.

En suivant les pas d’une génération qui se bat pour sauver ce qu’il reste encore du pays, comme Liliane qui s’est engagée dans le combat politique depuis la contestation de 2019 et qui se refuse à partir comme des milliers de ses compatriotes, ou qui n’a plus comme perspective que d’essayer de survivre comme Ahmed, un jeune père de deux enfants de Tripoli confronté au chômage et à la pauvreté, le documentaire explore les cinq plaies à l’origine du chaos libanais : la corruption, la guerre, la démission de l’Etat, le confessionnalisme et l’anarchie.

Démarche pédagogique

Face à cette génération en rupture avec un système à bout de souffle, le réalisateur convoque les principaux responsables libanais, au pouvoir depuis des décennies. En réponse aux arguments qu’ils opposent pour leur défense, le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, ainsi que l’ancien représentant spécial des Nations unies en Libye, le Libanais Ghassan Salamé, font, eux, le constat amer d’une faillite de l’Etat.

Cette faillite est plus qu’ailleurs visible à Tripoli, où s’achève le documentaire. La métropole sunnite du nord du Liban concentre tous les problèmes du pays : la pauvreté et le chômage, les pénuries d’eau et d’électricité, la radicalisation ou l’exil d’une jeunesse sans perspective d’avenir. Dans le fief du milliardaire Najib Mikati, nommé premier ministre en septembre après treize mois de blocage politique, les mêmes revendications s’expriment qu’ailleurs dans le pays en faveur d’un changement de système politique. Mais les éruptions de colère qui s’y succèdent font craindre que la situation ne devienne hors de contrôle.

Dans une démarche pédagogique, le récit est ponctué d’éclairages sur l’organisation confessionnelle de l’Etat et de la société, le rôle du mouvement chiite armé Hezbollah qui a émergé dans la confrontation à Israël et renforce désormais sa mainmise sur l’Etat, ou encore la marginalisation des réfugiés syriens, qui comptent pour un quart des six millions d’habitants du Liban.

Par son souci d’exhaustivité, le documentaire a le mérite de replacer la crise actuelle dans la complexité sociale, politique et géopolitique qui caractérise le pays du Cèdre, avec pour pendant toutefois de n’effleurer que du doigt certaines des thématiques abordées.

Liban, au cœur du chaos, d’Alfred de Montesquiou (Fr. 2021, 83 min).

Source

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