Des bâtiments en feu, des milliers de manifestants envahissant le quartier chinois de Honiara, la capitale des îles Salomon… Rien ne semble arrêter la contestation, jeudi 25 novembre, dans l’archipel du Pacifique malgré le couvre-feu imposé à la suite des émeutes de la veille.
Mercredi, des centaines de personnes ont manifesté, réclamant la démission du premier ministre Manassah Sogavare, avant de se rendre dans le quartier chinois de Honiara, où ils ont brûlé un poste de police et pillé des commerces jusqu’à l’intervention de la police avec des gaz lacrymogènes. Suite à ces incidents, M. Sogavare a ordonné un couvre-feu immédiat à Honiara, déplorant un « événement triste et malheureux visant à faire tomber un gouvernement démocratiquement élu ».
Le gouvernement des îles Salomon fait face à des pressions après la décision prise en 2019 de mettre fin aux liens diplomatiques avec Taïwan et d’établir des liens formels avec la Chine, poussant l’île voisine de Malaita – l’une des neufs provinces qui forment les îles Salomon – à envisager un référendum pour son indépendance.
Des manifestants venus de l’île voisine de Malaita
Des manifestants venus de Malaita auraient pris part aux violences qui touchent la capitale, pour protester contre cette décision. Les Salomon avaient choisi de reconnaître Taïwan en 1983 et beaucoup d’habitants de Malaita entretenaient des relations étroites avec Taipei. Le gouvernement de cette île a régulièrement reproché à Honiara de s’être ainsi rapproché de Pékin.
Cet archipel du Pacifique, indépendante de la Grande-Bretagne depuis 1978, avait sombré dans des violences interethniques au début des années 2000. De nouvelles tensions avaient entraîné le déploiement entre 2003 et 2013 d’une force de paix dirigée par l’Australie.
Des émeutes avaient notamment éclaté dans le quartier chinois de Honiara lors des élections législatives de 2006, à la suite de rumeurs selon lesquelles des entreprises proches de Pékin avaient truqué le vote.
Le leader de l’opposition, Matthew Wale, a exhorté M. Sogavare à la démission, assurant que les troubles ne cesseraient pas avec un couvre-feu encadré par la police. « Malheureusement, les frustrations et la colère rentrée du peuple contre le premier ministre se répandent de manière incontrôlable dans les rues, où des opportunistes profitent de la situation », a-t-il déclaré dans un communiqué.
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