« C’est l’Europe dans ce qu’elle porte de plus profond – l’humanisme, le respect de la dignité de chacun – qui est endeuillée », a affirmé, mercredi 24 novembre, Emmanuel Macron après la mort d’au moins 31 migrants dans la Manche. Tout en promettant que « la France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière », le président de la République a réclamé « une réunion d’urgence des ministres européens concernés par le défi migratoire » en assurant que « tout sera mis en œuvre pour retrouver et condamner les responsables » de ce drame.
Le chef d’Etat a également demandé le « renforcement immédiat des moyens de l’agence Frontex aux frontières extérieures » de l’Union européenne (UE), selon un communiqué de l’Elysée.
« Nous sommes tous émus par cette tragédie qui heurte chacun dans son intimité et dans ses valeurs », y précisait Emmanuel Macron, en exprimant sa « compassion » et le « soutien inconditionnel de la France » aux familles des victimes.
« Choqué, révolté et profondément attristé », le premier ministre britannique, Boris Johnson, a assuré vouloir « faire plus » avec la France pour décourager les traversées illégales de la Manche. « Nous avons eu des difficultés à persuader certains de nos partenaires, en particulier les Français, d’agir à la hauteur de la situation », a-t-il déclaré sur la chaîne Sky News à l’issue d’une réunion de crise, pointant les désaccords franco-britanniques.
« Accélérer le démantèlement des réseaux criminels »
Emmanuel Macron a mis en cause les « réseaux de passeurs qui, en exploitant la misère et la détresse, mettent en danger des vies humaines et finalement déciment des familles ». « La France agit, en lien avec la Grande-Bretagne, pour démanteler les réseaux de passeurs » et « depuis le début de l’année, grâce à la mobilisation de 600 policiers et gendarmes, 1 552 passeurs ont été interpellés sur le littoral nord et 44 réseaux de passeurs démantelés », a affirmé le président, en ajoutant que « 7 800 migrants ont été sauvés ».
« Malgré cette action, 47 000 tentatives de traversée ont eu lieu depuis le 1er janvier », selon lui. « Si nous n’amplifions pas dès aujourd’hui nos efforts, d’autres tragédies se reproduiront », a-t-il prévenu. Pour cela, « nous devons accélérer le démantèlement des réseaux criminels en lien avec la Grande-Bretagne, la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne ». « Nous le devons aux victimes, aux orphelins, aux familles. Nous nous le devons », a-t-il conclu.
Pour Natalie Elphicke, la députée conservatrice de Douvres, ville du sud-est de l’Angleterre confrontée aux débarquements de migrants, cette tragédie montre que « sauver des vies en mer commence en premier lieu par arrêter les bateaux allant à l’eau ».
Réunion interministérielle jeudi à Paris
Le premier ministre français, Jean Castex, qui a regretté une « tragédie », tiendra jeudi à 8 h 30 une réunion interministérielle sur ce dossier avec les ministres de l’intérieur, Gérald Darmanin, de la justice, Eric Dupond-Moretti, des armées, Florence Parly, de la mer, Annick Girardin, des transports, Jean-Baptiste Djebbari, des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Clément Beaune, selon ses services.
Quatre passeurs suspectés d’être « directement en lien » avec le naufrage ont été arrêtés, a affirmé Gérald Darmanin. « Je veux ici dire que les premiers responsables de cette ignoble situation sont les passeurs », a ajouté le ministre à Calais. Il a également appelé à une « réponse internationale coordonnée très dure » devant ce drame « qui nous touche tous ».
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