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« Le gouvernement américain peut légitimement emprunter pour financer des dépenses essentielles »

Chronique. En approuvant le projet de loi de 1 000 milliards de dollars (890 milliards d’euros) consacré aux infrastructures, le Congrès américain a fait une avancée importante vers la mise en œuvre du programme budgétaire du président Biden. Mais que va-t-il advenir de son deuxième projet, le programme de 1 750 milliards de dollars destiné aux dépenses sociales et à la lutte contre le réchauffement climatique ? Dans sa sagesse non partisane, le bureau du budget du Congrès (CBO) va-t-il accepter qu’il soit entièrement financé par des impôts supplémentaires et d’autres prélèvements, ainsi que le souhaitent de toute évidence les démocrates modérés ?

D’une certaine manière, c’est le débat dont les Etats-Unis ont besoin. Les républicains et les démocrates dits modérés insistent sur le fait que les infrastructures physiques et les infrastructures sociales ne devraient pas être financées par le déficit. Après avoir déboursé des milliers de milliards de dollars pour venir en aide aux victimes de la pandémie, les Etats-Unis ont déjà des déficits béants. De l’avis des opposants aux nouvelles dépenses, ils ne peuvent pas se permettre d’en faire plus.

Des investissements publics rentables

Cet argument ne tient pas compte du fait que le débat porte sur l’investissement public, et pas seulement sur l’aide aux ménages et à la consommation grand public. Les investissements publics productifs sont rentables s’ils font croître le produit intérieur brut (PIB). C’est le cas des infrastructures physiques qui facilitent le déchargement des conteneurs, leur acheminement par camion vers les entrepôts et la distribution de leur contenu permettant aux producteurs d’accroître l’efficacité des chaînes d’approvisionnement mondiales. De meilleures infrastructures augmentent le PIB, ce qui se traduit par davantage de recettes fiscales pour le service de la dette et son remboursement.

Cette remarque vaut pour les investissements dans les infrastructures sociales : l’éducation préscolaire et le droit à la formation tout au long de la vie améliorent la productivité des travailleurs. Elle s’applique aussi aux investissements consacrés à la lutte contre le réchauffement climatique, dans la mesure où ces dépenses permettent d’éviter les événements météorologiques destructeurs qui entraînent une diminution du PIB.

Le défi consiste à procéder par étapes, de manière à ce que la consolidation des finances publiques n’aggrave pas la dérive budgétaire existante

Le débat sur ces programmes a tendance à s’articuler autour de valeurs. Mais il devrait porter sur le taux de rendement et sur les investissements qui s’autofinancent. Une augmentation des dépenses financées par le déficit ne créerait-elle pas une demande excessive, aggravant ainsi une inflation qui devient inquiétante ? De nombreux programmes qui alimentent le déficit vont s’achever d’ici fin 2021. Selon le CBO, le ratio déficit/PIB diminuera de 13,4 % cette année à 4,7 % en 2022.

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