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Election présidentielle au Chili : vers un second tour polarisé entre l’extrême droite et la gauche

Le candidat d’extrême droite, Jose Antonio Kast, à l’annonce de ses résultats au premier tour, à Santiago, le 21 novembre 2021. ESTEBAN FELIX / AP

Les banderoles restent ramassées, froissées entre les mains ou posées sur les épaules. Les militants rassemblés au quartier général du candidat Gabriel Boric (gauche), à Santiago, à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle, dimanche 21 novembre, gardent les yeux rivés sur leur portable, alors que le décompte des votes arrive au compte-goutte. Avec près de 98 % des voix dépouillées, le candidat d’extrême droite José Antonio Kast (27,9 %) devance Gabriel Boric (25,7 %), annonçant le second tour polarisé qui aura lieu le dimanche 19 décembre.

« On pensait arriver en tête. Je suis inquiet car ne pas remporter une élection, ce serait une chose mais la perdre à la faveur d’un candidat rétrograde, autoritaire et pro-Pinochet [général à la tête de la dictature, de 1973 à 1990], serait totalement différent », soupire Matias, un avocat de 41 ans, en référence à José Antonio Kast, qui, s’il a dernièrement refusé le qualificatif d’ultradroite a déjà exprimé ses affinités avec la dictature. Assise à même le sol, Carmen Morales, 39 ans, consultante, tire nerveusement sur une cigarette en découvrant le rapport de force. « Kast en tête, c’est schizophrénique. Je ne comprends pas comment un pays a pu voter en faveur d’une nouvelle Constitution [à plus de 78 %, lors d’un référendum, en octobre 2020] et donner autant de voix à un candidat qui rejette clairement l’assemblée qui la rédige. »

« Certes, il y a un enthousiasme symbolique pour le candidat qui arrive en tête mais rien n’est joué pour le second tour », nuance Maria Cristina Escudero, politiste à l’université Catholique du Chili. « Cela va être un scrutin très serré, avec deux projets totalement opposés. D’un côté, celui de l’ordre et de la sécurité publique porté par José Antonio Kast, de l’autre celui de la transformation [sociale], porté par Gabriel Boric », poursuit la spécialiste.

« Renouer avec la paix, l’ordre et l’espoir »

Dans la foulée de l’annonce des résultats, le candidat d’extrême droite, un avocat de 55 ans, catholique et père de neuf enfants s’est exprimé face à sa base, en prenant soin de préalablement remercier « Dieu (…) et ensuite, [s]a famille ». Il a célébré la possibilité de « renouer avec la paix, l’ordre et l’espoir », fidèle au ton calme teinté d’un sourire qui caractérise ses prises de paroles. Au cœur de son discours, dimanche 21 novembre : la sécurité, notamment face « au narcotrafic » et au conflit émaillé de violences autour des revendications territoriales de la population indigène mapuche, dans le sud du pays. Esquissant un premier pas vers les électeurs à séduire, il a « ouvert la porte » à ceux qui l’ont jusqu’à présent « regardé avec distance ».

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