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Chili : duel entre la droite ultra-conservatrice et la coalition de gauche pour le second tour de la présidentielle

Le chef du mouvement chilien Parti républicain, José Antonio Kast, dans son QG de campagne, à Santiago, le 21 novembre 2021. ESTEBAN FELIX / AP

Les électeurs chiliens vont avoir le choix, au second tour de l’élection présidentielle, entre deux modèles politiques aux antipodes. Selon des résultats partiels portant sur 95,58 % des bulletins, José Antonio Kast pour la droite ultra-conservatrice, et Gabriel Boric pour la gauche, étaient en passe de se qualifier, dimanche 21 novembre soir.

José Antonio Kast, ex-député et avocat de 55 ans, obtient 27,95 % des voix, devant Gabriel Boric, ancien leader étudiant et député de 35 ans, qui recueille 25,71 % des suffrages.

Tous deux étaient les favoris des sondages les plus récents, se situant en dehors des coalitions de droite et de centre gauche qui ont gouverné le pays depuis la fin de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990).

Gabriel Boric, le candidat de la coalition de gauche « Apruebo dignidad » qui comprend notamment les communistes, pouvait compter sur le soutien de nombreux jeunes Chiliens, qui aspirent à une société plus égalitaire, après la vague de contestation sociale sans précédent de fin 2019.

« Le pays a besoin de changements, nous en avons assez des mêmes politiciens », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) Felipe Rojas, un étudiant de 24 ans, devant un bureau de vote de la capitale. « Nous voulons voter, assez de ce Chili », s’impatientait Carla Fuenzalida, 19 ans.

Montée inédite de l’extrême droite

Mais les derniers mois ont aussi vu une montée inédite de l’extrême droite dans les sondages, nourrie par la persistance des violences des protestataires les plus radicaux, et les préoccupations croissantes des électeurs pour l’immigration illégale et la criminalité. D’autant que la pandémie de Covid-19 a fait monter le chômage, creusé la dette et que l’inflation avoisine désormais 6 %, une nouveauté dans ce pays qui a connu des décennies de stabilité politique et économique. Il était le seul des sept candidats en lice au premier tour à souhaiter conserver le régime des retraites privées par capitalisation, très critiqué pendant la contestation de 2019.

« Il faut venir voter pour tourner cette page de division et de désordre dans les rues », a déclaré, à l’AFP, Cristina Arellano, une comptable de 42 ans, venue voter à Ñuñoa, un quartier bourgeois de la capitale.

Quelque 15 millions d’électeurs – sur une population de 19 millions – étaient appelés aux urnes pour départager sept candidats à la présidence, renouveler la totalité de la Chambre des députés, la moitié du Sénat, ainsi que les conseils régionaux. Au Chili, le vote n’est plus obligatoire depuis 2012. Aucun chiffre n’était pour l’heure disponible sur la participation.

José Antiono Kast affiche sa sympathie pour le président brésilien Jair Bolsonaro, mais refuse d’être catalogué d’extrême droite. Le chef du mouvement Parti républicain veut maintenir le modèle néolibéral hérité de la dictature de Pinochet et promet d’imposer « l’ordre, la sécurité et la liberté ». Son programme économique propose de réduire les dépenses publiques, diminuer les impôts et de supprimer plusieurs ministères, dont celui de la condition féminine.

« L’essentiel [est que) chacun puisse s’exprimer librement », a déclaré ce père de neuf enfants, après avoir voté à Paine, à 37 km au sud de Santiago.

« Que l’espoir l’emporte sur la peur »

Gabriel Boric, leader de la coalitiuon de gauche « Apruebo Dignidad », face à ses partisans, à Santiago, le 21 novembre 2021. ALIOSHA MARQUEZ / AP

Gabriel Boric, plus jeune candidat à la présidentielle de l’histoire du pays sud-américain et qui a tout juste l’âge légal pour concourir à la présidence du pays, promet, lui, un modèle d’Etat-providence et la garantie des droits sociaux. « Que l’espoir l’emporte sur la peur », a-t-il lancé en votant dans sa ville natale de Punta Arenas, à l’extrême sud du pays. « Nous représentons le processus de changement et de transformation qui arrive ».

En 2011, il avait pris la tête des manifestations lycéennes et étudiantes pour une « éducation gratuite » dans un des pays où la majorité de l’enseignement relève du secteur privé. En 2019, il a soutenu les manifestations pour plus de justice sociale et joué un rôle, en tant que député, dans la signature de l’accord historique au Parlement pour l’organisation d’un référendum sur un changement de Constitution, finalement plébiscité par 79 % des Chiliens.

Le candidat de la droite libérale, Franco Parisi, qui vit en Alabama, aux États-Unis, et n’a pas mis les pieds au Chili pendant toute la campagne électorale, a créé la surprise en se hissant à la troisième place (13 %), devant la sénatrice de centre gauche Yasna Provoste (12 %) et le candidat de la droite au pouvoir Sebastian Sichel (12 %), selon les résultats partiels.

Le président conservateur, Sebastian Piñera, 71 ans, qui quittera ses fonctions en mars 2022, ne pouvait pas se représenter après deux mandats (2010-2014, réélu en 2017).

Ce scrutin a lieu dans un Chili en transition, en plein processus de rédaction d’une nouvelle Constitution et deux ans après une crise sociale inédite pour réclamer une société plus juste dans ce pays riche en cuivre, mais parmi les plus inégalitaires du monde, selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Le Monde avec AFP

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