La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé avoir suspendu temporairement son enquête sur la guerre antidrogue du gouvernement philippin de Rodrigo Duterte, à la suite d’une requête de Manille demandant son report.
Les juges de la CPI, basée à La Haye, avaient autorisé en septembre une enquête sur cette gerre antidrogue marquée par des milliers de meurtres commis par les forces de l’ordre, estimant qu’elle s’apparentait à une attaque illégitime et systématique contre des civils.
« Le parquet a temporairement suspendu ses activités d’enquête pendant qu’il évalue la portée et l’effet de la demande de report », formulée par Manille, a écrit le procureur de la CPI, Karim Khan, dans une notification au tribunal datée du jeudi 18 novembre. Il a déclaré que l’accusation demanderait des informations supplémentaires aux Philippines.
Selon des documents de la cour, l’ambassadeur des Philippines Eduardo Malaya a réclamé un report de l’enquête, affirmant dans sa lettre de requête que le gouvernement philippin enquêtait sur les crimes contre l’humanité présumés commis pendant la guerre contre la drogue. Le gouvernement « a entrepris et continue de mener des enquêtes approfondies sur tous les décès signalés lors d’opérations antidrogue dans le pays », écrit l’ambassadeur.
« La CPI doit enquêter »
Pour Human Rights Watch, « seuls 52 meurtres sur des milliers en sont aux premiers stades d’une enquête. En dépit de nombreux cas de meurtres parfaitement clairs, aucune accusation n’a été déposée », a réagi sur Twitter samedi le directeur pour l’Asie de l’ONG, Brad Adams. « La réalité est que l’impunité est la norme sous le président Duterte, c’est pourquoi la CPI doit enquêter. Espérons que la CPI voit clair à travers cette ruse », a-t-il ajouté.
Rodrigo Duterte avait été élu président en 2016 après une campagne sécuritaire outrancière, promettant d’éradiquer le trafic de drogue aux Philippines en faisant abattre des dizaines de milliers de délinquants.
Au moinst 6 181 personnes ont été tuées lors de plus de 200 000 opérations anti-drogue menées depuis juillet 2016, selon les dernières données officielles publiées par les Philippines. Les procureurs de la CPI estiment le nombre des morts à entre 12 000 et 30 000.
Manille s’était retirée de la CPI en 2019, mais la cour assure que la juridiction reste compétente concernant des crimes commis lorsque le pays en était encore membre. Après avoir refusé de coopérer à l’enquête de la CPI, Rodrigo Duterte avait fait machine arrière en octobre et annoncé qu’il préparerait sa défense.
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