Le Nicaragua a officiellement demandé, vendredi 19 novembre, à sortir de l’Organisation des Etats américains après des critiques de l’OEA sur la « légitimité » de l’élection du 7 novembre qui a vu le président Daniel Ortega réélu pour un quatrième mandat consécutif.
« Je vous écris pour vous notifier officiellement notre décision indéfectible de dénoncer la Charte de l’OEA, conformément à l’article 143, qui amorce le retrait définitif et la démission du Nicaragua de cette organisation », est-il écrit dans une lettre signée par le ministre nicaraguayen des affaires étrangères, Denis Moncada, et adressée au secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro.
L’article 143 de la Charte de l’OEA permet à un Etat de se retirer de l’organisation à l’issue d’une procédure de deux années, délai pendant lequel le pays doit respecter ses obligations envers l’organisation.
Dans cette lettre, dont une copie a été envoyée aux médias, le ministre des affaires étrangères indique agir sur les instructions du président Ortega.
Graves préjudices
« Nous nous sentons heureux, fiers parce qu’aujourd’hui nous avons donné un nouvel exemple de notre condition de peuple souverain » en renonçant à « cet organisme inacceptable et fallacieux qui ne nous représente pas du tout », a déclaré la vice-présidente Rosario Murillo, épouse de Daniel Ortega, aux médias officiels.
Le ministre cubain des affaires étrangères, Bruno Rodríguez a de son côté salué sur son compte Twitter la décision du Nicaragua, « qui constitue une réponse ferme et digne aux manœuvres du secrétaire général de cette organisation, en collusion avec les Etats-Unis, pour tenter de s’ingérer dans les décisions qui concernent le peuple nicaraguayen ».
Daniel Ortega, au pouvoir depuis 2007 après avoir gouverné le pays de 1979 à 1990, a été réélu le 7 novembre pour un quatrième mandat présidentiel consécutif. Le scrutin a été la cible de sévères critiques de la communauté internationale, notamment en raison de l’absence de tout adversaire sérieux, sept candidats potentiels ayant été arrêtés au cours des six mois avant l’élection.
Les proches des 39 opposants arrêtés avant le scrutin ont déclaré vendredi dans un communiqué qu’ils souffraient de graves « préjudices physiques et psychologiques » en raison de leurs conditions de détention, dans une prison de haute sécurité à Managua. Selon eux, ils continuent de perdre du poids, manquent d’un « accès régulier à la lumière du jour », certains étant enfermés dans des cellules où les lumières sont allumées en permanence tandis que d’autres restent dans la pénombre.
L’Assemblée générale de l’OEA avait déclaré le 12 novembre que les élections nicaraguayennes « n’ont été ni libres, ni justes, ni transparentes et n’ont pas de légitimité démocratique », ouvrant la voie à une possible suspension du Nicaragua.
Isolement
La sortie de l’OEA isolera encore plus le Nicaragua, dont les dirigeants font l’objet de sanctions internationales. L’accès au territoire américain est dorénavant interdit au président Ortega, à son épouse et vice-présidente Rosario Murillo, à leurs ministres ainsi qu’à d’autres hauts responsables du régime.
Le 16 novembre, le Parlement, où Daniel Ortega détient une majorité écrasante, avait demandé au chef de l’Etat de faire sortir son pays de l’OEA. La demande de retrait de l’OEA faisait suite « aux actions répétées d’ingérence de l’OEA dans les affaires internes du Nicaragua », avait déclaré le président du Parlement Gustavo Porras.
Un processus similaire a commencé au Venezuela en 2017, après que l’OEA a menacé le pays de suspension pour violation de l’ordre constitutionnel.
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