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Comment Pékin organise ses milices maritimes

Sur cette photo du 7 mars 2021, fournie par les garde-côtes philippins/Groupe de travail national sur la mer des Philippines occidentale, environ 220 navires chinois sont amarrés à Whitsun Reef, en mer de Chine méridionale. AP

Des subventions d’Etat, des filières de recrutement organisées, des propriétaires liés au gouvernement de Pékin : une enquête du Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS) de Washington, publiée jeudi 18 novembre, lève le voile sur la nouvelle organisation de la milice maritime chinoise (« haishang minbing »), bras armé de la politique de sanctuarisation agressive menée par Pékin dans son voisinage immédiat.

En mer de Chine du Sud, ces bateaux d’apparence civile se sont fait connaître pour harceler les pêcheurs philippins, couper la route des navires de guerre américains, ou se regrouper par dizaines devant certains récifs disputés pour faire pression sur leurs pays riverains. Apparue en 1974, la milice maritime avait permis à la Chine de ravir les îles Paracels au Vietnam. Elle est montée en puissance dans les années 2000, pour accompagner les constructions militaires illégales de l’Armée populaire de libération (APL) sur les archipels des Spratleys et des Paracels. Jusqu’à devenir, sous la présidence de Xi Jinping depuis 2012, un fer de lance doté de 300 navires, une flotte professionnalisée et déployée dans toute la région en renfort de l’APL et des garde-côtes.

Le CSIS a analysé précisément 169 vaisseaux. En cas d’incident, comme ce fut le cas au printemps 2021 avec le regroupement organisé de 200 bateaux devant le récif Whitsun, la Chine affirme que ses navires de pêche… pêchent en toute indépendance. Mais les moyens de traçage actuels – les images satellites et le système d’identification des navires AIS – permettent d’affirmer le contraire, rappelle le CSIS : « Quand des bateaux flânent pendant des jours ou des semaines sans chalut ni équipement déployé, il est absolument évident qu’ils ne se livrent pas à la pêche commerciale. » Idem quand ils se positionnent « en radeau » dissuasif, collés les uns aux autres, inactifs durant de longues semaines.

Renforcement et rénovation des bâteaux de pêche

Deux catégories de navires constituent cette force adepte des « zones grises » de la conflictualité, entre guerre ouverte et paix armée : les professionnels dédiés, ou « navires de pêche de la milice maritime » ; et les pêcheurs la rejoignant par opportunisme ou sentiment national, les « navires de pêche soutiens des Spratleys ». Ces derniers doivent avoir une taille minimale (35 mètres et 200 tonnes) et, selon les documents gouvernementaux trouvés par CSIS, naviguer au moins deux cent quatre-vingts jours par an dans « des aires maritimes spécifiques, délimitées selon les objectifs de la défense nationale, afin de recevoir leurs salaires complets ». L’enquête cite l’exemple du Gui Bei Yu 88603 et du Gui Bei Yu 39198, présents parmi la flotte massée en mars-avril 2021 devant le récif Whitsun. Ces deux navires ont reçu des subventions d’Etat à la construction.

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