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Oussama Atar, le « clandestin » des attentats de Paris et Bruxelles

LETTRE DU BENELUX

« Le clandestin de Daech », de Georges Dallemagne et Christophe Lamfalussy, Kennes éditions, 208 p., 19,90€. KENNES SOCIETE

Le 29 avril 2019, Abou Bakr Al-Baghdadi, « calife » d’un Etat islamique (EI) presque défait, livre son dernier message et remercie combattants et « martyrs ». Parmi ces derniers, il cite un chef militaire, « Abou Yassir Al-Belgicki ». Qui est cet inconnu ? La conviction est, aujourd’hui, qu’il s’agit d’Oussama Atar, un ancien gamin du quartier bruxellois de Laeken, étrangement passé sous tous les radars jusqu’en avril 2016, quelques jours après les attentats qui, le 22 mars, ont tué 32 personnes et blessé 340 autres en Belgique.

Atar, principal coordinateur des attaques à l’aéroport de Zaventem et au métro Maelbeek fut aussi directement impliqué dans ceux de Paris, en 2015. « Emir » des combattants européens de l’EI, responsable des opérations extérieures, comment cet homme, arrêté en Irak en 2005, emprisonné dans ce pays, clairement identifié par les Américains, a-t-il pu revenir en Belgique en 2012 et y poursuivre son parcours meurtrier ? Grâce à une série extraordinaire de hasards qui pourraient être autant de bévues. A une habile campagne menée notamment par des organisations islamistes, à l’aveuglement de responsables politiques, à la naïveté d’ONG. Peut-être, aussi, à l’erreur de services de renseignement belges qui étaient à la recherche d’un informateur et espéraient le « retourner ».

On ne possédait jusqu’ici que d’éléments assez épars sur l’incroyable parcours de ce Belgo-Marocain radicalisé, dont le périple terroriste se serait achevé en 2017, lors d’une frappe de drones dans le nord de la Syrie. Du côté officiel belge, ni commentaire, ni regret, ni explication n’ont été formulés jusqu’ici. Ils viendront peut-être après les révélations d’un livre écrit par un député centriste, Georges Dallemagne, et un journaliste, Christophe Lamfalussy.

Leur enquête (Le Clandestin de Daech, Kennes Editions, 208 pages, 19,90 euros) permet bel et bien de conclure, comme ils l’écrivent, qu’Atar fut le personnage central d’une affaire « passée à la trappe, une affaire d’Etat qu’on voudrait dissimuler ».

Une campagne pour son rapatriement

La vie de l’adolescent Atar est banale, dans le quartier de Laeken. Des éducateurs et des policiers de bonne volonté tentent de cadrer des jeunes au parcours scolaire chaotique, parfois violents. Une mosquée est proche, des prêcheurs travaillent les esprits. En 2001, conquis par un imam de Molenbeek dont le nom apparaîtra par la suite dans de nombreux dossiers, le jeune Atar, 17 ans, part découvrir la Syrie en camping-car. Il n’aime pas la nourriture mais est conquis par le pays, où il retournera en 2004 pour fréquenter une école coranique.

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