Le feuilleton Nord Stream 2 continue. Deux mois après la fin du chantier de ce gazoduc controversé reliant la Russie à l’Allemagne via la mer Baltique, l’Agence allemande des réseaux (Bundesnetzagentur) a annoncé, mardi 16 novembre, qu’elle suspendait sa procédure de certification. Son feu vert, indispensable, est l’une des ultimes étapes avant la mise en service de ce nouveau pipeline, qui doit acheminer annuellement 55 milliards de mètres cubes de gaz russe vers l’Europe.
Dans le communiqué justifiant sa décision, l’agence allemande indique qu’une « certification de l’opérateur de Nord Stream 2 n’est possible que si celui-ci est organisé sous une forme juridique de droit allemand ». Si l’opérateur, basé à Zoug (Suisse), a bien entrepris de créer une société de droit allemand afin d’exploiter le tronçon du gazoduc situé en Allemagne, le « transfert des actifs essentiels et des ressources humaines » de la société helvétique à sa filiale allemande, lui, est toujours en cours. C’est seulement lorsqu’il sera « achevé » que la procédure de certification, qui doit se dérouler dans un délai de quatre mois, pourra reprendre, alors que le remplissage a déjà commencé côté russe.
Si son fondement est juridique, la décision annoncée mardi n’en a pas moins de fortes implications politiques car elle intervient alors que les sociaux-démocrates (SPD), les Verts et les libéraux (FDP) sont en train de finaliser le « contrat de coalition » du prochain gouvernement allemand, qui doit être investi dans la semaine du 6 décembre, sous la direction du futur chancelier Olaf Scholz (SPD).
Or les écologistes ont toujours été opposés, depuis le début, à Nord Stream 2. Sans surprise, ils se sont donc félicités de cette suspension. « L’agence fonde ses décisions sur le droit et la législation, ce qui est très bien », a déclaré le vice-président du groupe des Verts au Bundestag, Oliver Krischer, pour qui cette décision est la preuve que « Gazprom [le géant russe des hydrocarbures, maître d’œuvre du projet] ne prend pas au sérieux la législation allemande et européenne ».
Soupçon d’un chantage aux prix orchestré par Moscou
Après avoir franchi cet été l’obstacle du veto des Etats-Unis, Nord Stream 2 bute donc sur un nouvel obstacle dans un contexte de fortes tensions aux frontières biélorusse et ukrainienne et après une flambée des prix du gaz non moins conflictuelle. A ce sujet, le Kremlin et Gazprom ont certes joué l’apaisement, la main sur le robinet, le président Vladimir Poutine ayant demandé, le 27 octobre, au géant gazier d’accroître enfin les livraisons vers l’Union européenne (UE) pour remplir les réservoirs « afin de créer une situation plus favorable ».
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