Arrestations, blocages de militants à domicile… D’après l’opposition cubaine, les autorités du pays ont soigneusement étouffé le rassemblement qui devait se tenir lundi pour protester contre le pouvoir.
« Depuis le week-end, plus de 100 personnes ont été détenues de façon arbitraire pour les empêcher de participer à la manifestation civique », a affirmé, mardi 16 novembre, la plate-forme d’opposition Cuba Decide dans un communiqué diffusé notamment sur Twitter. Elle recense également 131 cas de militants bloqués chez eux par les forces de l’ordre.
Le gouvernement communiste a répondu à l’appel à manifester par une « militarisation extrême des rues, plus de cent activistes bloqués chez eux, des arrestations arbitraires, des disparitions forcées, des actes de répudiation, de la violence, des menaces, de la contrainte et des discours de haine », a également dénoncé le groupe Archipiélago, à l’origine de cet appel, dans une déclaration envoyée à l’Agence France-Presse (AFP).
Une manifestation interdite par les autorités
Le groupe, créé sur Facebook après les manifestations historiques du 11 juillet, compte 37 000 membres à Cuba et à l’étranger. Il appelait à manifester lundi pour demander la libération des prisonniers politiques. Les autorités avaient interdit tout rassemblement, estimant qu’il s’agissait d’une tentative de changement de régime avec le soutien de Washington, et menacé les organisateurs de sanctions pénales.
« La répression accrue contre les citoyens et les manifestants pacifiques n’est pas et ne sera pas acceptée », assure la déclaration de mardi, qui appelle à de nouvelles actions jusqu’au 27 novembre, date anniversaire de la manifestation d’environ 300 artistes pour la liberté d’expression en 2020.
Archipiélago incite notamment à s’habiller en blanc, porter des roses blanches, réaliser des vidéos individuelles et participer à un concert de casseroles chaque soir pour protester contre le gouvernement. Le groupe a dénoncé qu’une de ses coordinatrices, Daniela Rojo, se trouve « séquestrée par la Sécurité de l’Etat », après en avoir été informé officiellement par un agent. Par ailleurs « ses comptes sur les réseaux sociaux ont été fermés », s’est-il inquiété.
Inquiétude
Lundi, plusieurs dirigeants de la dissidence ont été arrêtés dont Manuel Cuesta Morua, vice-président du Conseil pour la transition démocratique. Il a annoncé mardi à l’AFP avoir été relâché : « Ils m’ont libéré vers une heure du matin », a-t-il déclaré, racontant avoir été arrêté alors qu’il sortait pour manifester.
La dirigeante du mouvement des Dames en blanc, Berta Soler, et son époux, l’ex-prisonnier politique Angel Moya, aussi arrêtés, ont été libérés peu après minuit, a déclaré à l’AFP la dissidente Martha Beatriz Roque qui a précisé qu’au moins sept opposants restent détenus.
L’historienne de l’art et activiste Carolina Barrero, empêchée de sortir de chez elle depuis 200 jours, a également été arrêtée, a annoncé le mouvement dissident 27N, dont elle est membre. Elle a indiqué à l’AFP avoir été libérée en fin d’après-midi. Une autre figure de l’opposition, Guillermo Fariñas, est en détention depuis vendredi.
Le créateur d’Archipiélago, le dramaturge Yunior Garcia, 39 ans, bloqué chez lui dimanche et lundi, restait injoignable mardi, suscitant l’inquiétude du groupe qui demandait via les réseaux sociaux « une preuve de vie » le concernant.
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