Un contentieux peut en cacher un autre. Le coup de téléphone entre Vladimir Poutine et Emmanuel Macron, lundi 15 novembre, s’est bien sûr concentré sur la frontière polono-biélorusse. Mais il a aussi porté sur le front ukrainien. Si M. Macron et M. Poutine ont, pendant près de deux heures, examiné les voies d’une « désescalade » dans la crise des migrants, repoussés par le régime de Loukachenko vers la Pologne, ils se sont montrés incapables d’envoyer le moindre signal d’apaisement au sujet de l’Ukraine. Au contraire : après les importantes manœuvres russes à la frontière russo-ukrainienne, qui avaient inquiété les Occidentaux au printemps, ces derniers sont de nouveau en alerte.
Ainsi, M. Macron, comme la chancelière allemande, Angela Merkel, la semaine dernière, a-t-il mis en garde M. Poutine contre toute nouvelle intrusion sur le territoire ukrainien, sept ans après l’annexion unilatérale de la Crimée par la Russie. Il lui a dit, selon l’Elysée, sa « préoccupation forte » et sa « volonté de défendre l’intégralité territoriale » du pays, dans une formule un rien incantatoire. De son côté, selon un communiqué du Kremlin, M. Poutine a accusé Kiev de mener une « politique destructrice ». Il a dénoncé l’« utilisation récente, par l’Ukraine, de drones dans la zone de conflit ». Une référence à l’usage de matériel de fabrication turque, acquis récemment par Kiev.
« Dégradation de la situation »
Au même moment, le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, et son homologue allemand, Heiko Maas, martelaient le message dans un communiqué commun : « Face aux préoccupations renouvelées liées à des mouvements de forces et de matériels militaires russes à proximité de l’Ukraine, les deux ministres ont appelé la Russie à adopter une posture de retenue et à se montrer transparente sur ses activités militaires », ont-ils déclaré, après s’être entretenus avec le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, en marge d’une réunion avec leurs homologues des Vingt-Sept à Bruxelles.
Derrière la menace militaire pointe une autre inquiétude, à Paris comme à Berlin, portant sur l’impasse diplomatique
La situation à la frontière est suivie d’autant plus près que la conflictualité reste forte dans les régions séparatistes du Donbass, dans l’est du pays. « Nous notons une dégradation de la situation sécuritaire depuis dix-huit mois, à mesure que se dégrade le respect du cessez-le-feu de décembre 2019 », confie un diplomate, selon lequel il s’agit toujours d’un « conflit de basse mais réelle intensité ».
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