Tribune. Face aux défis géostratégiques, aux enjeux environnementaux et aux discordances sur les valeurs, l’exigence d’unanimité entre les 27 membres de l’Union européenne (UE) est devenue stérilisante. Pour avancer, osons un noyau dur fédéral. La conférence sur l’avenir de l’Europe, qui tirera ses conclusions au printemps 2022, devrait s’emparer de ce thème.
La souveraineté politique, économique et sociale se sédimente désormais à l’échelle continentale. Une nation de taille moyenne est fragile et peu audible au niveau mondial. Aucun des 27 Etats membres de l’Union européenne (UE) n’est en capacité de maîtriser, seul, les gigantesques défis du XXIe siècle. De plus, c’est en faisant bloc au sein d’une fédération que les Européens pourront défendre leurs principes humanistes et leurs modes de vie.
Hélas, les 27 Etats ne sont pas tous prêts à cet élan fédéral : trop de différences, trop d’attentes divergentes. Permettre à certains d’aller plus vite et plus loin exige une Europe à plusieurs vitesses. Le premier cercle – le noyau dur – formerait alors une fédération, ce qui implique l’adhésion des Etats concernés à une constitution commune. Des traités, se fondant sur les acquis communautaires, préciseraient les objectifs et les moyens des autres cercles. Tout Etat membre aurait naturellement vocation à rejoindre le premier cercle.
L’Europe à plusieurs cercles !
Une fédération définit deux niveaux de souveraineté. Chaque Etat fédéré a des institutions et un espace politique propre. Il adhère à des valeurs partagées. L’échelon fédéral, avec son parlement et son gouvernement, lève des impôts, prend en charge les affaires étrangères, l’immigration et la défense. L’administration fédérale définit les stratégies et les politiques communes. Elle coordonne et soude l’ensemble.
En installant la paix, un marché et une monnaie unique, l’Europe a déjà accompli d’immenses avancées. De plus, l’UE a fait preuve de réactivité et de solidarité face à la crise sanitaire, notamment avec le plan de 750 milliards d’euros. Mais elle est encore au milieu du gué, et doit être parachevée. Seule une Europe politique, donc fédérale, pourra déployer toute sa force et son dynamisme au service de ses citoyens et de ses Etats membres.
Or, les traités européens en vigueur ne sont pas élaborés pour faciliter un saut qualitatif dans cette direction. Au contraire, l’exigence d’unanimité entre les membres (le veto) les oblige à progresser au même rythme dans les domaines régaliens, l’euro faisant exception. Pour sortir par le haut de cette impasse où les Etats ont des aspirations différentes et où le veto est étouffant, une seule solution existe : l’Europe à plusieurs cercles !
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