Les tensions se poursuivaient, vendredi 12 novembre, à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Depuis des semaines, les Européens accusent le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, d’alimenter la crise migratoire en délivrant des visas à des migrants et en affrétant des vols, notamment au départ de la Turquie, pour se venger des sanctions occidentales imposées en 2020 à la suite de la brutale répression d’opposants. Le dirigeant biélorusse a menacé, jeudi, de riposter à d’éventuelles nouvelles sanctions européennes en interrompant les livraisons de gaz transitant sur son territoire.
Cette crise en Europe centrale suscite l’inquiétude croissante de la communauté internationale et a fait l’objet jeudi d’une réunion d’urgence au Conseil de sécurité des Nations unies. A l’issue de cette réunion, plusieurs pays, dont les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni, ont accusé Minsk de vouloir « déstabiliser les pays voisins » et « détourner l’attention de ses propres violations croissantes des droits humains ».
Le Kremlin promet que les livraisons de gaz à l’Europe continueront
Alors que le Vieux-Continent fait déjà face à une flambée des prix de l’énergie, le Kremlin a assuré vendredi que les livraisons de gaz russe à l’Europe ne seraient pas suspendues, malgré les menaces de la Biélorussie de fermer les vannes d’un important gazoduc transitant sur son sol en cas de nouvelles sanctions européennes. Bruxelles a, en effet, fait savoir que de nouvelles sanctions étaient prévues pour le début de la semaine prochaine.
La Russie « est et restera un pays qui remplit toutes ses obligations de livraison de gaz aux consommateurs européens », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Dans une déclaration conjointe publiée à l’issue d’une réunion d’urgence du Conseil de sécurité, l’Estonie, la France, l’Irlande, les Etats-Unis, la Norvège et le Royaume-Uni ont estimé jeudi soir que l’objectif de la Biélorussie était aussi de « déstabiliser les pays voisins » et de « détourner l’attention de ses propres violations croissantes des droits humains ». « Cette tactique est inacceptable et appelle une réaction et une coopération internationales fortes afin de demander des comptes [à la Biélorussie] », ont souligné les signataires, sans toutefois évoquer de mesures concrètes.
Plus tôt, lors d’un entretien téléphonique avec la chancelière allemande, Angela Merkel, le second en deux jours, le président de la Fédération de Russie, Vladimir Poutine, avait estimé que le règlement de cette « grave crise migratoire » passait par le « rétablissement des contacts entre les pays de l’UE et [la Biélorussie] », selon un communiqué du Kremlin.
Syriens, Irakiens et Yéménites interdits de vol vers la Biélorussie au départ de la Turquie
Les ressortissants d’Irak, de Syrie et du Yémen sont interdits d’« acheter des billets et d’embarquer pour la Biélorussie au départ des aéroports de Turquie », a annoncé vendredi la direction générale de l’aviation turque. Dans un message posté sur son compte Twitter, celle-ci précise que cette mesure, due aux « problèmes de franchissement illégal de la frontière entre la Biélorussie et l’Union européenne », restera en vigueur « jusqu’à nouvel ordre ». La principale compagnie aérienne de Biélorussie, Belavia, a affirmé qu’elle se conformerait à cette restriction.
Cette annonce est faite alors que quelques milliers de migrants, originaires principalement du Proche-Orient, sont bloqués dans des conditions difficiles à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, cette dernière les empêchant de passer.
Face à cet afflux, la Pologne a déployé 15 000 militaires, érigé une clôture surmontée de fil de fer barbelé et approuvé la construction d’un mur à la frontière. Redoutant d’être entraînée dans la crise, l’Ukraine, pays voisin de la Biélorussie, a annoncé jeudi le déploiement de 8 500 militaires supplémentaires à la frontière.
Bruxelles s’efforce depuis plusieurs jours d’endiguer ces arrivées de migrants en Biélorussie en contactant des pays, notamment du Proche-Orient, pour les convaincre d’empêcher les personnes d’embarquer sur des vols à destination de Minsk. La Turquie est le premier pays à prendre une telle mesure. Istanbul, la plus grande ville turque, dispose de deux aéroports internationaux qui font d’elle une plaque tournante majeure du trafic aérien entre le Proche-Orient et l’Europe.
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