C’est une nouvelle déconvenue pour Joe Biden qui venait tout juste d’enregistrer sa première victoire législative d’envergure avec l’adoption au Congrès, vendredi, de son plan d’investissements dans les infrastructures. Une cour d’appel fédérale américaine saisie par plusieurs Etats républicains (Texas, Louisiane, Mississippi, Caroline du Sud, Utah) et des entreprises privées a suspendu, samedi 6 novembre, l’obligation vaccinale instaurée par le président des Etats-Unis pour les employés des entreprises de plus de 100 personnes.
Dans sa décision, la cour d’appel fédérale de La Nouvelle-Orléans estime que les plaignants ont « donné des arguments laissant croire qu’il y a de sérieux problèmes constitutionnels et procéduraux » avec le texte gouvernemental. Ce dernier est donc « suspendu » temporairement dans l’attente d’un examen par la juridiction sur le fond. Le gouvernement doit fournir une réponse lundi, celle des pétitionnaires est attendue mardi.
« Nous allons pouvoir contester en justice l’abus de pouvoir inconstitutionnel de Biden », a réagi sur Twitter le gouverneur conservateur du Texas, Greg Abbott, qui a déjà interdit les obligations vaccinales sur son sol. Il a ajouté que les audiences auraient lieu « bientôt ».
BREAKING: The Federal Court of Appeals just issued a temporary halt to Biden’s vaccine mandate.
Emergency hearing… https://t.co/V2H7CukeAZ
— GregAbbott_TX (@Greg Abbott)
L’obligation vaccinale fait grincer des dents
Même s’il ne s’agit à ce stade que d’une suspension, c’est un revers pour Joe Biden, qui a annoncé jeudi que les salariés des entreprises d’au moins 100 personnes devraient être vaccinés contre le Covid-19 ou testés chaque semaine à partir du 4 janvier, une décision immédiatement contestée par les gouverneurs républicains de plusieurs Etats, devant de multiples juridictions. Le président démocrate avait déclaré jeudi que : « La vaccination est le meilleur moyen de sortir de cette pandémie », assurant qu’il aurait « préféré éviter cette obligation » censée toucher plus des deux tiers de la main-d’œuvre du pays. « Trop de personnes restent non vaccinées pour que nous puissions en sortir définitivement », avait-il estimé.
Le texte suspendu laisse à l’employeur le soin de prendre les mesures qu’il juge adéquates, y compris disciplinaires, contre les réfractaires au vaccin et aux tests réguliers. Les entreprises qui ne feraient pas appliquer l’obligation s’exposent, d’après ce texte, à une amende allant de 13 000 à 136 000 dollars.
La Maison Blanche avait prévenu que la nouvelle règle s’imposait à tous les Etats, y compris ceux qui ont adopté des lois interdisant aux employeurs d’exiger la vaccination, des masques ou des tests. Plusieurs grands groupes américains ont déjà préparé le terrain en imposant dès fin septembre ces obligations à leurs employés.
United Airlines a prévenu ses 67 000 employés qu’ils s’exposaient à un licenciement s’ils ne se faisaient pas vacciner en temps voulu. Jeudi, seuls 2 000 d’entre eux avaient demandé à être exemptés pour des raisons médicales ou religieuses, et la plupart des autres ont reçu l’injection.
Chez le géant de la viande Tyson Foods, qui avait vu ses activités fortement perturbées au début de la pandémie, les 120 000 salariés devaient être vaccinés au 1er novembre. De moins de 50 % début août, leur taux de vaccination était passé à 96 % jeudi, selon le New York Times. L’armée américaine, qui a elle aussi adopté une politique très stricte en la matière, affiche une couverture vaccinale de 95 %.
Certains secteurs restent réfractaires, rejetant souvent davantage l’obligation qui leur est faite que le vaccin lui-même. C’est notamment le cas chez les forces de l’ordre ou les pompiers, chez qui le taux de vaccination est fréquemment en dessous de la moyenne, malgré les nombreux décès liés à la pandémie dans ces professions. Le shérif du comté de Los Angeles a reconnu que seuls 43 % de ses policiers étaient vaccinés contre le coronavirus. Le shérif Alex Villanueva a appelé le comté à suspendre l’obligation, affirmant qu’elle « nuisait à la capacité à garantir la sécurité publique ». A Chicago, plusieurs milliers de policiers risquent de se retrouver en congé sans solde.
Alimentée depuis l’été par le variant Delta, l’épidémie de Covid-19 tue encore environ 1 100 personnes par jour aux Etats-Unis, dont la plupart ne sont pas vaccinées. Au total, l’épidémie a fait à ce jour 753 937 morts. Début novembre, plus de 58 % de la population américaine était totalement vaccinée, contre seulement environ 50 % en août lorsque les premières obligations vaccinales ont été annoncées.
Le président Biden a fait de la lutte contre le Covid-19 un des marqueurs de sa présidence. Mais la campagne de vaccination américaine menée tambour battant s’est essoufflée, relançant les taux de contamination et freinant en partie la reprise économique.
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