L’enquête dans l’affaire Salamé, du nom du gouverneur de la Banque du Liban (BDL), Riad Salamé, 71 ans, soupçonné de blanchiment et de détournement de fonds publics par les justices française, suisse et libanaise, avance à petits pas. Selon les informations du Monde, les magistrats impliqués dans ce dossier commencent à se repérer dans le dédale de holdings, de comptes et de propriétés détenus par le patron de la BDL à travers l’Europe, dont la valeur est estimée à plusieurs centaines de millions de dollars. Mais le rôle-clé que ce dernier continue d’exercer sur la scène politico-financière libanaise limite la marge de progression des enquêteurs, empêchant notamment toute levée du secret bancaire sur une série de comptes suspects.
L’enquête en France a pu s’appuyer sur le travail de localisation des avoirs immobiliers de M. Salamé à laquelle se sont livrées des ONG, persuadées qu’il s’agit de biens mal acquis. Le 21 octobre, sur ordre de la juge d’instruction chargée de l’enquête côté français, plusieurs appartements parisiens ont été perquisitionnés, qui appartiennent à M. Salamé, son frère Raja et Anna Kosakova, une Ukrainienne de 44 ans avec laquelle le grand argentier libanais a eu une fille hors mariage. Le quotidien suisse Le Temps avait révélé, en juillet, l’intrigant patrimoine immobilier de plus de dix millions d’euros amassé par cette femme entre 2007 et 2014, sur les Champs-Elysées et dans le 16e arrondissement.
« L’enquête avance à bonne cadence, se félicite l’avocat William Bourdon, qui a déposé une plainte en France contre M. Salamé, pour le compte de l’association Sherpa, spécialisée dans la lutte contre la criminalité économique à travers le monde. Nous avons transmis une note à la juge avec de nouveaux éléments d’information. »
Principe d’opacité
Les procédures en cours profitent aussi d’une amorce de coopération entre les systèmes judiciaires des différents pays européens où la fortune de M. Salamé est discrètement placée. Des magistrats luxembourgeois, allemand, suisse et britannique se sont réunis le 14 octobre à La Haye, au siège d’Eurojust, la plate-forme d’entraide judiciaire des Etats membres de l’Union européenne, autour de la juge d’instruction française et du procureur libanais chargé du dossier Salamé.
Une équipe commune d’enquête est en cours d’établissement, qui devrait faciliter l’échange d’informations entre les différentes magistratures. « Compte tenu de l’éparpillement des biens possédés par Riad Salamé, il est nécessaire d’avoir une enquête paneuropéenne, estime Zena Wakim, avocate de la fondation suisse Accountability Now, qui est derrière une seconde plainte en France. Les recherches devraient même s’étendre à Monaco, au Panama et à Singapour, où Riad Salamé, selon nos informations, disposerait de nombreux comptes bancaires. »
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