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De jeunes Soudanais protestent dans les rues de la capitale Khartoum contre la prise du pouvoir par les militaires, le 4 novembre 2021. AFP
Le chef de l’armée au Soudan, le général Abdel Fattah Al-Burhane, a ordonné jeudi 4 novembre la libération de quatre ministres arrêtés le jour du coup d’Etat le 25 octobre, sur fond d’efforts internationaux accrus pour remettre sur les rails la transition démocratique. Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, s’est d’ailleurs entretenu jeudi avec le général Al-Burhane, le pressant de « restaurer le gouvernement mené par des civils ».
La nouvelle concernant les ministres est intervenue quelques heures après l’annonce par l’armée de la formation « imminente » d’un gouvernement, dix jours après la dissolution par le général Al-Burhane du gouvernement, l’arrestation des dirigeants civils et l’établissement d’un état d’urgence.
Depuis, le Soudan, englué dans le marasme politique et économique, est à l’arrêt entre militaires intransigeants et manifestants anti-putsch. Jeudi soir, le général Al-Burhane a ordonné la libération de quatre ministres : Hamza Baloul (information et culture), Hachem Hassabarrassoul (télécommunications), Ali Jeddo (commerce) et Youssef Adam (jeunesse et sports). Aucune date pour leur libération effective n’a été précisée.
La plupart des membres du gouvernement avaient été arrêtés le 25 octobre, dont le premier ministre Abdallah Hamdok qui avait été ramené le lendemain à son domicile à Khartoum, où il est assigné depuis à résidence.
« Un peuple qui aspire à la démocratie »
La décision de libérer les ministres est intervenue peu après une conversation téléphonique entre le général Al-Burhane et le patron de l’ONU Antonio Guterres, qui a exhorté son interlocuteur à libérer les responsables arrêtés et à restaurer d’urgence le gouvernement civil.
Les Etats-Unis, qui ont suspendu une partie de leur aide au Soudan après le putsch, ont dit avoir « pris acte » de la libération des ministres, mais ont réaffirmé en attendre davantage de la part de l’armée.
Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a exhorté jeudi le général Al-Burhane « à libérer immédiatement toutes les personnalités politiques détenues depuis le 25 octobre et à retourner à un dialogue ramenant le premier ministre Hamdok dans ses fonctions », selon le département d’Etat. Il s’agit du premier échange connu entre les deux hommes depuis le coup d’Etat.
M. Blinken s’est également à nouveau entretenu jeudi avec le premier ministre déchu Abdallah Hamdok, après un premier échange le 26 octobre, au lendemain du putsch. « Le secrétaire d’Etat a souligné le fort soutien des Etats-Unis au peuple soudanais qui aspire à la démocratie », a souligné le porte-parole du département d’Etat.
Pour tenter de remettre la transition sur les rails et résoudre la crise, les efforts de médiation internationale se sont intensifiés et plusieurs diplomates étrangers se sont succédé à Khartoum.
« Un gouvernement de technocrates »
Les annonces de « libération sont le résultat d’efforts de médiation. Il a été convenu que les détenus seraient libérés par groupes », a déclaré à l’AFP Tut Gatluak, conseiller du président du Soudan du Sud et chef de la délégation sud-soudanaise de médiation en visite à Khartoum. « Nous avons appelé à la libération de tous les détenus », a-t-il ajouté.
Des responsables importants restent en détention, y compris le membre du Conseil souverain, Mohammed Al-Fekki, le conseiller de M. Hamdok, Yasser Arman, et le ministre pour les affaires du cabinet Khaled Omar Youssef.
M. Gatluak a fait état de négociations pour former un gouvernement mais, pour le moment, les deux camps campent sur leurs positions. « Al-Burhane n’a aucun problème pour un retour de Hamdok à son poste de premier ministre, mais il ne veut pas un retour à la situation d’avant le 25 octobre », a-t-il précisé.
Mercredi, le général Al-Burhane a rencontré l’émissaire de l’Union africaine (UA), Olusegun Obasanjo, et affirmé qu’« un gouvernement de technocrates est sur le point d’être mis en place », selon l’agence soudanaise SUNA.
Avant le coup d’Etat, le Soudan était dirigé par des autorités militaro-civiles de transition – un Conseil souverain dirigé par le général Al-Burhane et formé de militaires et de civils, et un gouvernement dirigé par M. Hamdok. Elles étaient chargées de mener le pays vers des élections et un pouvoir entièrement civil après trente ans de dictature du général Omar Al-Bachir, écarté par l’armée en avril 2019 sous la pression de la rue.
Mais les divisions croissantes entre clans civil et militaire ont fini par avoir raison de leur fragile entente. Après le coup d’Etat, les Soudanais sont descendus en masse dans la rue pour dénoncer le pouvoir militaire. Au moins douze manifestants ont été tués et des centaines blessés dans la répression, selon un comité de médecins prodémocratie. Des rassemblements ont encore eu lieu jeudi à Khartoum.
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