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Après le pétrole, c’est au tour du blé de flamber

Votre baguette, vous la voulez à 1,20 euro, à 1,30 ou à 1,50 ? C’est la question qu’il va falloir se poser si le prix du blé, un des composant essentiel du pain, continue de monter. Ce jeudi, sur le contrat à terme d’Euronext, qui permet de prendre date sur des livraisons futures de grain, le blé a atteint 300 euros la tonne. Il dépasse ainsi son précédent record de septembre 2007, vieux, donc, de… 14 ans. Les raisons de cette flambée sont simple : une banale question d’offre (qui baisse) et de demande (qui reste forte) et… de météo. Jamais les achats de blé n’ont été aussi forts que ces 4 derniers mois sur le marché mondial. L’indice alimentaire de la FAO est de retour sur les plus hauts du printemps 2008 et 2011 quand les prix des denrées de base avaient déclenché les émeutes de la faim et le « printemps arabe ». L’indice a augmenté de 3% par rapport à septembre et de 31,3% sur un an. L’indicateur, qui mesure la variation mensuelle des cours internationaux d’un panier de produits alimentaires de base, continue à se rapprocher de son niveau record (137,6 points), enregistré en février 2011.

Stockage chinois

Cette fois, ce sont plusieurs causes qui font monter les cours : les mauvaises récolte de maïs cet été ont par exemple reporté les demandes sur le blé. Et des pays du Moyen-Orient comme l’Iran et la Turquie ont eu recours à des achats massifs. Le Pakistan et la Chine se constituent des stocks importants. « Côté récolte, les déboires sont connus depuis l’été dernier. Pertes de production au Canada, aux Etats-Unis et en Russie à la suite de canicules. Pertes de qualité et de production en Europe suite aux intempéries de juillet. » explique Sébastien Poncelet, directeur du développement au sein du cabinet Agritel. La prochaine récolte s’annonce mauvaise ; les levées de blé ont été perturbées par le manque de précipitations en mer Noire ou aux Etats-Unis. Et les prix des engrais azotés ont fortement augmenté, pour cause de pénurie.

Une tendance qui reste haussière

« Les intentions françaises d’une juste rémunération des agriculteurs selon leur coût de production dans le cadre de la nouvelle Loi Egalim 2 sont certes louables mais atteindront rapidement leurs limites dans un marché commun européen et dans une compétition mondiale. Finalement, ce prix record du blé ne fait que nous rappeler que le monde a faim, que le monde a chaud et surtout qu’il a besoin de la science, du progrès et du travail des agriculteurs au quotidien » conclut Sébastien Poncelet. Cette insécurité alimentaire mondiale pourrait durer, prévient Sébastien Abis, directeur général du club de réflexion sur l’agriculture Demeter : « depuis le début du siècle, on est sur une tendance haussière. Les prix alimentaires sont très corrélés au prix de l’énergie pour les produire et au coût du fret pour les transporter. Il y a eu une accalmie après la crise de 2008-2009, mais on est dans le même super-cycle. Ce qui est particulier dans la crise aujourd’hui, c’est que le changement climatique s’accélère et que la crise du Covid-19 a entraîné des stratégies de stockage. »

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