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« Une “guerre froide 2.0” entre les Etats-Unis et la Chine pourrait conduire à une lutte idéologique à mort dans le cyberespace »

Le président américain, Joe Biden, à Washington, en juin 2021, et le président chinois, Xi Jinping, à Macao (Chine), en décembre 2019. MANDEL NGAN / ANTHONY WALLACE / AFP

Des hauteurs du Ladakh, dans le nord de l’Inde, au détroit de Miyako, dans le sud du Japon, de multiples tensions militaires opposent un bloc occidental, mené par les Etats-Unis d’Amérique, à la République populaire de Chine. Cet affrontement explique, en partie, pourquoi l’Australie a rompu de manière déloyale l’accord de livraison de sous-marins français afin de se ranger sous la bannière plus voyante d’un système d’alliance avec l’Amérique. Surtout, il place au centre du jeu une petite île de 24 millions d’habitants, Taïwan, que veut annexer la République populaire de Chine. Or, à l’opposé du régime totalitaire de Xi Jinping, Taïwan est aujourd’hui une démocratie libérale en terre chinoise plus avancée même que la France, selon la Freedom House, une organisation non gouvernementale financée par le gouvernement américain ; et une puissance industrielle avec laquelle les Etats-Unis commercent davantage qu’avec la France. Elle est le Berlin-Ouest de cette nouvelle guerre froide qui ne veut pas dire son nom.

Ce choc Etats-Unis-Chine, avec en son cœur Taïwan, avait été l’un des paris d’un roman d’anticipation, Babel Minute Zéro (Folio « policier », 2010), publié il y a quatorze ans et commis par l’auteur de ces lignes. En Israël, où le roman a été lu jusqu’à la tête de l’Etat, c’est surtout le rôle nouveau des technologies de l’information dans la lutte entre Etats qui a intéressé. Cette révolution est une clé essentielle de cette « guerre froide 2.0 ».

Observation des rapports de force

Le réveil de l’Amérique face à la Chine n’est pas récent. Engagé à l’automne 2011, il était envisagé, dès la fin des années 1990, par certains des futurs membres influents de l’administration Bush Jr., évoquant au sein du think tank Project for New American Century une ascension de la Chine, future grande rivale capable d’exploiter les technologies transformationnelles de l’information. Ces conservateurs, beaucoup aujourd’hui anti-trumpistes, rejoignent sur ce point démocrates et républicains pro-Trump dans un consensus basé non sur l’idéologie, mais sur une observation des rapports de force.

Car la Chine est bien aujourd’hui une superpuissance technologique. Elle dispose de la plus grande base installée d’utilisateurs Internet au monde, avec un milliard d’internautes en 2021, trois fois celle des Etats-Unis. Les usages peuvent y être plus avancés : 40 % pratiquent ainsi l’e-commerce sous forme de présentation vidéo en direct. Elle surclasse sa rivale américaine dans les équipements de télécommunications – 3,5 fois plus de ventes mondiales – ou des drones commerciaux – vingt fois plus. Elle comptait, en 2020, autant de robots industriels que les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne et la Corée du Sud réunis. Elle dépasse aussi, depuis cette année, les Etats-Unis en nombre d’articles de recherche publiés et cités dans le domaine de l’intelligence artificielle (IA).

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