L’Inde a créé la surprise, lundi 1er novembre, à Glasgow, en Ecosse. Le géant sud-asiatique s’est fixé comme objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2070, a annoncé le premier ministre, Narendra Modi, dans son discours, prononcé au lendemain de l’ouverture de la COP26. L’Inde, troisième émetteur de gaz à effet de serre derrière la Chine et les Etats-Unis, était le seul pays parmi les plus gros pollueurs de la planète à ne pas avoir pris d’engagement sur la question de la neutralité carbone. « Le premier ministre, fidèle à son style, a pris tout le monde de court et l’objectif qu’il a fixé est particulièrement ambitieux », estime Swati D’Souza, responsable de la recherche pour l’action climatique à la National Foundation for India.
La semaine dernière encore, l’Inde rechignait à annoncer un objectif de neutralité carbone. « La neutralité carbone n’est pas une solution, ce qui compte c’est la quantité de carbone qui sera émise dans l’atmosphère avant d’atteindre le net zéro », estimait Rameshwar Prasad Gupta, le plus haut fonctionnaire du ministère de l’environnement, lors d’une rencontre avec la presse, soulignant la faible part des émissions cumulées de l’Inde. Depuis l’ère préindustrielle, ces dernières ne représentent qu’environ 3,5 % du total mondial, là où celles des Etats-Unis comptent pour environ 20 % et celles de l’Union européenne pour 15 %.
Pour éviter des impacts climatiques catastrophiques, les scientifiques estiment que le net zéro doit être atteint d’ici à 2050, soit vingt ans avant la date établie par le premier ministre indien. « L’Inde aime se fixer des objectifs en dessous de ce qu’elle est capable de faire afin de mieux les dépasser. Si le pays tient toutes ses autres promesses, alors il pourrait bien atteindre la neutralité carbone avant 2070 », juge Swati D’Souza. L’Inde a annoncé qu’elle accroîtrait également ses capacités énergétiques non fossiles à 500 gigawatts d’ici à 2030, assurant 50 % de ses besoins grâce aux énergies renouvelables. Autre promesse faite lundi par le premier ministre : la réduction de l’intensité carbone de l’économie de 45 % d’ici à 2030.
« Moment significatif »
Le défi pour l’Inde sera de financer cette transition. Le pays dépend encore cruellement du charbon qui assure actuellement la génération de 70 % de ses besoins énergétiques. « On estime aujourd’hui que 20 millions de personnes vivent de l’industrie du charbon et cette transition prendra un certain temps », détaille Swati D’Souza. Narendra Modi n’a d’ailleurs pas manqué de souligner que les pays en développement auraient besoin du soutien des pays développés. « L’Inde s’attend à ce que les pays développés mettent à disposition 1 000 milliards de dollars en financements climat dès que possible », a-t-il déclaré. C’est dix fois plus que l’objectif de mobiliser 100 milliards de dollars par an, que les pays développés ne devraient pas atteindre avant 2023. « L’Inde a placé la balle dans le camp des pays développés », a jugé Arunabha Ghosh, du Conseil sur l’énergie, l’environnement et l’eau, un think tank basé à New Delhi, et désormais elle « surveillera non seulement l’action climatique, mais également le financement climatique apporté », a-t-il poursuivi.
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