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La Cour Pénale Internationale suspend son enquête sur les crimes commis en Colombie

La Cour pénale Internationale (CPI) ne jugera pas les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par les acteurs du conflit armé colombien. Considérant que la justice colombienne fait son travail, elle a décidé de mettre fin à l’enquête préliminaire ouverte dix-sept ans plus tôt, comme l’a annoncé, jeudi 28 octobre, à Bogota, le procureur général de la CPI, le britannique Karim Khan. Le juriste a souligné et célébré le rôle que joue désormais la Juridiction spéciale pour la paix (JEP) mis en place dans le cadre de l’accord signé il y a cinq ans avec la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).

Le président colombien, Ivan Duque, qui était présent au côté du procureur, s’est félicité d’une décision « historique » de La Haye. Pour le chef de l’Etat, en clôturant son enquête préliminaire, la juridiction internationale « reconnaît la solidité des institutions colombiennes ». La réaction de l’opposition et des organisations de défense des droits de l’homme est plus mitigée.

Les partisans de l’accord de paix et autres défenseurs des droits humains soulignent que la CPI a réussi l’impensable : obtenir que le président Duque, issu de la droite dure, reconnaisse la légitimité et l’efficacité de la Juridiction spéciale pour la paix (JEP). « Ce qui est historique, estime la sociologue et opposante Sara Tufano, c’est que le gouvernement d’Ivan Duque se voit obliger de reconnaître l’accord de paix, après avoir tenté par tous les moyens de le détruire ».

« Crimes atroces »

Mais ils s’inquiètent de l’impact du retrait de la CPI, alors que les violations des droits de l’homme continuent dans le pays. Pour la défenseuse de l’environnement afro-colombienne Francia Marquez, « la justice internationale était le seul espoir pour les victimes de voir condamner les militaires coupables de crimes atroces ». Le directeur pour les Amériques de l’organisation Human Rights Watch (HRW), José Miguel Vivanco, qualifie pour sa part la décision de la CPI de « prématurée et erronée » au vu du contexte et de la fragilité des institutions du pays.

Au terme d’une réunion avec le président Duque, M. Khan a déclaré que « la Colombie est à la hauteur de ses obligations internationales », signifiant ainsi que la justice colombienne agit et que la CPI n’a plus à la surveiller. « Je me réjouis de dire que je peux me retirer de l’enquête préliminaire », a-t-il ajouté. En fonction depuis juin, le procureur général dit avoir constaté, à l’occasion de sa visite en Colombie, que « de véritables efforts ont été menés pour refermer la brèche de l’impunité ».

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