Onze ans après le début de la crise de la dette, un chapitre douloureux qui marqua durablement la relation entre les deux pays, la chancelière allemande, Angela Merkel, est arrivée en Grèce, jeudi 28 octobre, pour sa dernière visite officielle.
Les relations entre les deux pays « ont connu des hauts et des bas, mais reposent sur des bases solides, a tenu à souligner la chancelière allemande lors d’une rencontre avec la présidente grecque, Ekateríni Sakellaropoulou. Ce qui nous a donné de la force pendant cette période, c’est que nous avons toujours eu le sentiment d’être ensemble ».
Une austérité sous supervision
Mme Sakellaropoulou a, elle, rappelé que « la Grèce avait été appelée à payer un lourd tribut » lors de la dernière décennie, notamment à cause des mesures d’austérité exigées par le gouvernement de Mme Merkel en contrepartie d’aides financières pour éviter la faillite du pays.
Avec son ministre des finances de l’époque, Wolfgang Schäuble, la chancelière allemande avait exigé d’Athènes des coupes budgétaires et des hausses d’impôts drastiques pour réduire les déficits accumulés depuis des années en échange de trois plans de sauvetage internationaux de plus de 300 milliards d’euros entre 2010 et 2018, dont Berlin était le principal contributeur.
Les retraites perçues sont diminuées, le salaire minimal tombe aux alentours de 500 euros, des privatisations se déroulent dans plusieurs secteurs économiques, les services publics et notamment les hôpitaux doivent fonctionner en sous-effectifs. Cette austérité, imposée sous la supervision de l’Union européenne (UE), de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI), permet au pays de rester dans l’UE au prix d’une destruction d’une partie de son économie : le taux de chômage atteint jusqu’à 28 %, et plus de 60 % chez les plus jeunes.
Pour une grande partie du peuple grec, les efforts demandés sont vus comme inconsidérés. En 2012, au plus fort de la crise, Mme Merkel est accueillie en Grèce par un large rassemblement contre la politique d’austérité avec des croix gammées nazies et des caricatures la représentant avec une moustache d’Hitler.
« Le moment le plus difficile de [mon] mandat »
L’élection du leader de gauche radicale, Alexis Tsipras, en janvier 2015, marque le début d’une période encore plus houleuse. Le premier ministre grec souhaite « déchirer les mémorandums », et appelle « Merkel à rentrer chez elle ». Athènes est menacée d’être exclue de la zone euro, avant de céder sous la pression à ses créanciers et de se résoudre à de nouvelles mesures d’austérité.
Lors d’une interview à Bild, en septembre, celle qui était présentée par le tabloïd comme « l’une des femmes les plus détestées de Grèce » avait confié que « le moment le plus difficile de son mandat a été lorsqu’elle avait tellement demandé à la Grèce ». Mme Merkel était déjà revenue en Grèce en 2019, l’occasion de marquer le début d’une relation plus apaisée entre les deux pays. M. Tsipras avait même reconnu que « les difficultés étaient derrière […] ».
Sa visite actuelle sera consacrée à des dossiers davantage géopolitiques que financiers, avec des discussions prévues sur la crise énergétique européenne, la question migratoire, la situation en Libye ou encore les relations avec la Turquie, selon une source gouvernementale grecque citée par l’Agence France-Presse.
« Génération Merkel », une série en cinq volets
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